C’est pas ma faute !

Pondu le 25 septembre 2020 - 0 commentaires

Il se trouve que je suis informaticien de métier. Un vrai de vrai, avec des lunettes, mal rasé, geek, amateur de jeux vidéo. Et comme j’aime les clichés, j’assume totalement d’en être un.

Jusque là rien de fantastique, on connait tous un gars qui dit qu’il bosse dans l’informatique. Et on s’empresse de lui demander de réparer de vieux ordinateurs qui n’aspirent qu’à un repos éternel et poussiéreux, ou plus récemment des tablettes et smartphones bas de gamme qui étaient déjà dépassées dès leur achat.

Mais venons-en à notre propos du jour1 :

Nous avons tous un jour entendu de la part d’un organisme ou d’un magasin la merveilleuse excuse : « Ah là là là là oui, nous n’avons pas pu traiter votre demande, nous avons un problème informatique. »

Ce qui sous-entend que sans informatique, les gens sont incapables de travailler. Les informaticiens devraient donc être payés plus chers que des traders sous cocaïne. Tout comme un nombre faramineux de professions qui ont été mises en valeur pendant le confinement d’ailleurs.

Mais contrairement à ces braves gens qui ont reçu plus ou moins de remerciements ou applaudissements, les informaticiens ne méritent pas tant que ça une paie faramineuse. Enfin moi si, mais ce que je veux dire c’est que nous ne sommes en réalité pas si indispensables puisque l’informatique en temps normal, ça fonctionne très bien. En fait, tant qu’un humain n’y met pas les pattes, le seul risque c’est la panne matérielle.

Les principaux cas où l’informatique plante sont :

  • Une mise à jour (des logiciels ou des matériels)
  • Une fausse manip de quelqu’un sur un logiciel (j’ai rippé chef !)
  • Un bug parce que le logiciel a mal été testé (le contrôle qualité est très performant pour vous ennuyer, mais nettement moins fiable pour améliorer vos conditions de travail)
  • Une panne matérielle bloquante, mais dans les moyennes et grosses structures le système est fait pour ne pas crasher lorsqu’un seul matériel plante, les équipements sont doublés pour qu’en cas de panne de l’un d’entre eux, un autre prenne le relais immédiatement.
  • Lorsque les gens cherchent une bonne excuse pour justifier un retard qui ne passerait pas super bien auprès de leur interlocuteur qui vient leur demander des comptes.

On pourrait donc penser au vu de cette liste (qui n’est pas exhaustive, il y a probablement d’autres cas de plantage) que l’excuse n’intervient que dans 20% des cas. Je vous le dis avec tout mon professionnalisme et sans même invoquer ma mauvaise foi légendaire, c’est une erreur.

Parce qu’un bon informaticien est un informaticien feignant. Il va travailler plus pour en faire moins derrière et ne va donc pas risquer de foutre en l’air sa soirée ou son weekend avec une mise à jour hasardeuse ou un bug de dernière minute2. Et si le développeur est assez malin, il aura inclus des garde-fous pour éviter les fausses manips sur son logiciel3. Bref, les cas de plantage réels ne sont pas si fréquents4.

J’ai donc consulté l’IDMSP, un très sérieux organisme de conseil et de statistique pourtant très peu connu du grand public, qui m’a répondu qu’en réalité quand on annonce au client qu’il y a un problème informatique, c’est une fausse excuse à hauteur de 76%. C’est énorme. Cette étude réalisée à l’échelle internationale par l’Institut du Doigt Mouillé et de la Statistique Pifométrique aurait du secouer les fondations de la relation client et poser les nouvelles bases d’une économie fondée sur le respect d’autrui5.

Sauf que le COVID est passé par là. Et que je ne dirai pas la COVID, parce que c’est un sujet trop sérieux pour qu’on le conjugue au féminin et que la place des femmes sur ce blog est la plupart du temps anecdotique et cantonnée à de l’illustration en tenue légère6. D’ailleurs la preuve :

Ne cliquez pas sur ce lapin, il ne mange pas de carotte...
Le port du masque est obligatoire, même sur ce blog.

Mais revenons au COVID. Vous l’aurez vous-même constaté, les organismes auxquels vous avez affaire au quotidien se lâchent carrément ces temps-ci : pour expliquer leurs retards, leurs augmentations de tarifs et les possibles désagréments qu’ils nous font subir, ils mettent tout sur le dos du COVID.

Et vous avez remarqué ? Il y a beaucoup moins de pannes informatiques chez nos interlocuteurs qu’avant l’arrivée de ce virus. Je crois même que le COVID commence à être une excuse pour masquer des plantages informatiques, c’est dire le potentiel excusatoire de ce virus7.

Je pourrais donc vous faire une conclusion étoffée mais je peux pas, j’ai COVID.


  1. Ou de l’année, vu le rythme de publication sur ce blog. 

  2. Et c’est pourquoi il existe une règle d’or qui dit : « On ne touche pas à la prod le vendredi ». On y touche en semaine, on y touche le weekend si on a programmé une grosse intervention, mais pas le vendredi. Jamais. 

  3. Il y aurait gros à dire sur le fait que ce n’est pas tant le cas que ça, mais on n’est pas là pour pinailler. 

  4. Vous aurez noté que je suis parti du postulat que mes confrères étaient tous doués et compétents. Mais s’il y a bien une profession remplie de charlatans, c’est la mienne. Mais si on commence à vouloir inclure le taux de compétence des gens dans cette histoire, on va vite dépasser le taux d’incompréhension moyen de mes rares lecteurs, qui n’est pas beaucoup moins élevé que le mien. 

  5. On est bien d’accord que c’est un vœu pieux, les gens étant aussi pénibles en tant que clients qu’en tant que fournisseurs. 

  6. Et si on m’en fait le reproche, je répondrai avec véhémence qu’on ne peut plus rien dire maintenant, et qu’on est en train de construire une société de mimolettes, et que comme je suis grand, mâle et blanc, je suis une majorité opprimée qui n’a droit à rien. 

  7. Oui je sais, le COVID-19 c’est la maladie qui est déclenchée par le virus et non pas le virus en lui-même. Mais vu qu’aucun autre organisme ne déclenche cette maladie, je trouve idiot d’avoir séparé le virus de la maladie auprès du grand public. 

Je suis une blonde, vite je commente !


Etude pharmaceutique

Pondu le 27 septembre 2014 - 5 commentaires

Vous avez peut-être vu depuis quelques temps que le gouvernement ainsi que certaines chaînes de grande distribution aimeraient que les médicaments achetables sans ordonnance puissent être vendus dans des supermarchés.

Evidemment les pharmacies et les laboratoires pharmaceutiques sont tout à fait contre, vu que ça entraînerait très certainement une concurrence plus forte pour les pharmacies, et que la grande distribution tenterait forcément de négocier les prix d’achat aux labos bien en dessous de leur valeur actuelle.

On voit donc fleurir de part et d’autre des arguments parfois teintés de mauvaise foi :

Ne cliquez pas sur cet ersatz de médecin, elle a un faux diplôme.

Je n’avais pas d’image suffisamment intéressante de pharmaciennes, mais je présume que vous ne m’en voudrez pas trop.

Les labos et pharmacies clament haut et fort que les supermarchés ne fourniront pas de conseils et qu’il y a donc un risque pour les consommateurs qui pourraient prendre des médicaments inadéquats ou n’importe comment, vu que les gens sont un peu idiots. Ce à quoi les consommateurs et les supermarchés répliquent que de toute façon les pharmacies ne donnent jamais de conseils d’utilisation, et qu’elles vendent les médicaments comme s’il s’agissait de produits qui ont tout d’ordinaires, sauf le prix. Et ils ajoutent que les pharmacies et les labos sentent le caca de poney mais que c’est vrai que les gens sont idiots.

La grande distribution et le gouvernement vocifèrent que les prix se trouveraient grandement diminués grâce à la concurrence, ce qui permettrait aux consommateurs de pouvoir se soigner sans se ruiner, et que comme ça ils couineraient moins quand on augmente les impôts. Ce à quoi les pharmacies et labos répondent que si on prend l’exemple de l’Italie qui a déjà fait ce choix, les prix n’ont pas baissé tant que ça sur la durée. Et que par contre ça va créer du chômage parce que les pharmacies ne pourront pas rivaliser et devront fermer. Et aussi que la grande distribution et le gouvernement ont une odeur de fiente de pigeon, mais que c’est vrai que les gens couinent beaucoup.

Cet argumentaire a entraîné un effet collatéral qui serait amusant si nous, gens de base, n’en étions pas victimes : soucieuses de montrer qu’elles ne sont pas d’une grave mauvaise foi, les pharmacies demandent depuis quelques mois à leurs employés de conseiller lourdement la clientèle, y compris si celle-ci n’a rien demandé. Il existe une norme informelle pour évaluer le niveau de conseil à fournir à la clientèle :

  • Homme de base avec un papier sur lequel on peut voir une liste avec une écriture féminine : niveau modéré de conseil, asséné avec un débit maximal afin de bien faire comprendre au pauvre hère qu’il ne comprendra jamais rien au monde étrange de la médication.
  • Femme seule, sortant visiblement du travail et semblant stressée : niveau élevé de conseil orienté de façon à générer de la peur chez la cliente, ce qui l’amènera à acheter encore plus de trucs à base de plantes.
  • Petite vieille seule ou accompagnée de son mari tout aussi petit et vieux : niveau extrêmement élevé de conseil, délivré avec une puissance sonore importante vu le degré de surdité de la cliente. Laquelle le répétera à son mari qui est encore plus sourd au besoin.
  • Mère entourée d’une tripotée d’enfants au degré de braillardise variable mais néanmoins élevé : niveau de conseil minimum ou inexistant, la cliente étant de toute façon déjà en négatif sur son compte, et ses rejetons étant une source potentiellement non négligeable de dégâts matériels dans l’officine.
  • Personne désirant être conseillée : les pharmacies à l’instar de tous les commerces, obéissent aux lois de Murphy, qui veulent qu’un client aura un niveau de renseignement inversement proportionnel à ce qu’il désire. Niveau de conseil minimum donc.
  • Personne de base voulant acheter du doliprane : niveau de conseil minimum à modéré, mais temps d’attente de toute façon beaucoup trop long vu que toutes les catégories de personnes à niveau de conseil élevé seront présentes dans la file d’attente au moment d’entrer dans la pharmacie.

Le résultat, c’est qu’on passe donc trois fois plus de temps à attendre pour acheter du Doliprane parce que les employés et les pharmaciens mettent un point d’honneur à montrer qu’ils ont une super valeur ajoutée par rapport aux supermarchés Leclerc.

Je demande donc au gouvernement de trancher une fois pour toute ce débat dans un sens ou dans l’autre, qu’on puisse enfin retrouver un délai d’attente dans les pharmacies qui ne se compte pas en dizaines de minutes.


 

Note du panda attentif : Les tests ont été effectués en toute subjectivité dans trois officines situés dans des lieux et villes variées, et des achats avaient déjà été effectués dans deux des officines avant ce triste conflit pharmaceutique.

Je voudrais la paix sur le monde, vite je commente !


Le WAF, un concept qui a du chien

Pondu le 21 novembre 2013 - 8 commentaires

Avant toute chose, je tiens à remercier le jury de l’International Worst Title Joke, j’espère me qualifier en finale grâce à ce titre de note.

J’ai plusieurs amis qui vont investir dans la Playstation 4 quand elle sortira prochainement. Au grand bonheur de leurs compagnes, qui font semblant de prendre la chose avec désinvolture mais qui grincent quand même un peu des dents.

Cet amour contrarié que portent ces infortunées demoiselles à la PS4 porte le doux acronyme de WAF, pour « Wife Acceptance Factor ». A l’origine, le WAF est l’indice de tolérance d’une femme à la présence d’un objet technologique typiquement masculin dans son environnement ménager (comme les énormes chaînes HiFi noires et sentant le mâle des années 90). Inutile de vous dire que ce sigle a été créé par un homme hétérosexuel et un brin machiste.

Pour la suite de cet exposé, nous prendrons comme exemple-témoin Bill et Brenda Cuppermiddle, couple hétérosexuel stable, de classe moyenne (tant par le salaire que par la tenue vestimentaire), résidant en proche banlieue d’un centre urbain quelconque, d’un âge approximativement approximatif et d’une nationalité occidentale. Détracteurs de l’utilisation des clichés et autres stéréotypes dans un argumentaire, passez votre chemin car la suite de cette note en sera remplie.

Vous aurez compris que le WAF s’applique parfaitement aux consoles de jeux. Bill est un joueur régulier de Playstabox Zii 5, il squatte donc assez souvent le téléviseur principal à l’heure des émissions culturelles de W9 en fin d’après midi.

Une demoiselle qui permet des WAF assez élevés. Mais du coup difficile de se concentrer sur le jeu en cours.

Une demoiselle qui permet des WAF assez élevés. Mais du coup difficile de se concentrer sur le jeu en cours.

Le rapport de Brenda à cette console va donc dépendre :

  • de la quantité d’amour qu’elle porte à Bill,
  • de l’importance qu’elle accorde au visionnage des « Ch’tis Marseillais à Bollywood »,
  • de l’élégance de la console et donc de son intégration dans le mobilier du salon,
  • de l’humeur de Brenda (avec divers bonus/malus comme la période des ragnagnas, la visite de son amant plus tôt dans la journée ou encore le succès de sa visite chez le coiffeur1).
  • de la capacité de Brenda à se servir de ladite console. Dans notre exemple, cette valeur tend vers le zéro pointé.
  • de l’intérêt que porte Brenda aux jeux vidéo. Dans notre exemple, cette valeur tend également vers le zéro pointé.

Certains critères sont largement minoritaires. En réalité, on peut dire que le WAF dépend surtout de la beauté de l’objet, de sa simplicité d’utilisation ainsi que de l’utilité que peut y trouver Brenda.

Les mâles alpha qui pourraient me lire (ils sont peu nombreux car je ne suis pas publié dans le journal l’Equipe) vont ricaner grassement en disant que globalement on s’en fout, vu que le WAF concerne justement des objets pas faits pour les gonzesses.

Lecteurs fortement testiculés, sachez que vous êtes dans l’erreur et que notre société de consommation a bien compris désormais que proposer des objects masculins avec un WAF élevé permettait d’élargir la clientèle aux femmes. Vous voulez un exemple ? Les outils de bricolage utilisables par des gens n’ayant ni barbe ni fesses poilues qui dépassent du jean quand ils se baissent, l’ensemble des produits Apple du type « iBidule », les appareils électro-ménagers, les voitures (Mini, Fiat 500), Facebook, la Wii (contre-exemple de console !), etc.

Mieux, certains objets ont toujours eu un WAF élevé : les machines à laver et les sex-toys par exemple. Ces objets étant traditionnellement réservés à Brenda (Bill ne sait même pas où ils sont situés dans la maison), ils ont appliqué dès le départ un design élégant (ce critère est toutefois assez relatif), une simplicité d’utilisation et une réelle utilité2.

Un combo machine à laver - sextoy pour amatrices de rodéo.

Un combo machine à laver /sextoy pour amatrices de rodéo.

Vous allez me dire que le WAF ne devrait pas s’appliquer aux machines à laver, parce qu’on a vu plus haut qu’il ne concernait que les objets typiquement masculins. Sauf qu’à cause de cette foutue égalité homme-femmes, beaucoup d’objets qui étaient autrefois réservés aux hommes sont maintenant utilisés par des femmes. Et vice-versa, évidemment3.

Tout ça pour dire que de toute façon les amateurs (et trices) d’objets à faible WAF se contrefoutent globalement de l’avis de leur conjoint. Ça peut d’ailleurs aller à un tel point qu’ils finissent par se retrouver dans des émissions d’étude de la misère sociale (aussi appelées « TrashTV ») comme « Confessions Intimes » ou « Tellement Vrai ».

Si vous avez bien lu cette note, que vous êtes conjoint(e) d’une personne qui a déjà sacrifié son salaire de décembre (et donc votre cadeau de noël) pour s’acheter la Playstation 4 ou la XBox One, peut-être aurez-vous remarqué que je ne m’incluais pas dans la liste. Et pour cause, puisque moi les consoles je m’en tamponne. Ainsi que du foot.

Et si vous vous dites que je suis trop parfait pour être honnête, vous avez raison.


  1. Je vous avais prévenu que j’allais recourir de façon intensive aux clichés. 

  2. Avant que vous demandiez, Bill est un peu paresseux au lit. Donc oui, les sex-toys de Brenda sont bien utilisés. 

  3. Oui mesdames il existe des sex-toys pour hommes, des trucs un peu plus classe que des poupées gonflables. 

On est bien sur skyblog ici ? Vite, je commente !


Je suis papa (encore) !

Pondu le 25 juillet 2013 - 7 commentaires

Il se trouve que Madame Albane était enceinte ces derniers mois. Je vous passe les détails de la conception, d’autant que je ne suis pas certain d’avoir été présent à ce moment-là (il y avait beaucoup de monde, et je me suis absenté un moment pour manger un morceau).

Je vous passe aussi les détails de la grossesse, vu que ce n’est une partie de plaisir pour personne pendant au moins les deux tiers du temps, et que ce fut finalement une grossesse assez classique et bien moins médiatisée que celle du rejeton princier british qui n’a toujours pas de nom à l’heure actuelle.

Ce qui nous amène au lundi 22 juillet 2013, date de fin de la grossesse de Madame. Afin de faire simple et concis, je narrerai les faits de façon chronologique, avec l’exactitude et la véracité dont je fais toujours preuve  :

– 8h moins pas grand chose : alors que je pars au travail, Madame me signale qu’il faudrait peut-être que je ne m’éloigne pas trop de mon téléphone, vu qu’elle a quelques contractions assez fortes. Comme je n’ai aucune idée de ce qu’est une forte contraction, je l’associe dans ma tête à un bobo imaginaire qu’elle invente pour faire son intéressante.

– 9h : Coup de fil de Madame pour me dire qu’elle a une contraction toutes les dix à quinze minutes. Comme elle me dérange en pleine lecture de mes mails et que ceux-ci me proposent un allongement de mon pénis, je n’ai aucun mal à sélectionner la priorité du moment et à lui raccrocher au nez.

– 9h30 : Je me cure le nez. La pêche est bonne.

– 10h30 : après quelques échanges téléphoniques, la situation semble en stand-by. Des contractions régulières, mais pas assez rapprochées pour enclencher le plan « Livraison du Colis par Cachalot Express »1. Comme il est urgent d’attendre, je vais vaquer à mes occupations qui consistent surtout à avoir l’air très occupé dans l’espoir qu’on ne me file pas de travail.

– 10h40 : Malgré mon camouflage de fougère, je suis repéré et doit exécuter une tâche éreintante qui consiste à aller chercher le courrier.

– 11h30 environ : Appel assez angoissé de Madame, les contractions sont tombées à 4 minutes d’intervalle. J’appelle mon chauffeur (qui est une chauffeuse), qui me ramène prestement chez moi.2

– 12h10 : Madame a beau avoir des contractions toutes les 4 minutes, elle trouve quand même le temps de traîner entre chaque. Je lui fais remarquer que si elle continue de glandouiller comme ça, elle n’aura pas droit à la péridurale. Cette remarque la fait curieusement accélérer de façon significative mais quand même pas spectaculaire. Premier-Né, administrativement nommé Raphaël, est embarqué lui aussi vu qu’à 3 ans et demi il ne peut toujours pas se débrouiller seul. Je sens que pour son stage de fabrication de composants de smartphones en Chine l’année prochaine c’est foutu.

– 12h25 : arrivée à l’hôpital de Bourges, qui est une masure insalubre partagée avec une boucherie, des pompes funèbres et un vendeur de kebabs. Ces autres commerces se fourniraient tous à l’hôpital que ça ne m’étonnerait pas. Raphaël est évacué par sa grand-mère qui l’exfiltre par hélicoptère.

– 12h30 : comme les journalistes sont tous à Londres pour l’autre naissance de célébrité, nous n’avons aucun mal à parvenir dans le service des accouchements. Nous entrons, et je me fais virer sous prétexte que j’ai l’air d’un pervers.

– 12h32 : Je reviens affublé d’une fausse moustache. Les soignants, pensant que Freddy Mercury vient visiter leur service me font entrer sans autre formalité. Je suis toutefois obligé d’avoir l’air un peu mort et décomposé pour ne pas éveiller les soupçons (je savais bien que visionner la série Walking Dead me servirait un jour).

– Un peu plus tard : Comme l’anesthésiste est d’une timidité maladive, je suis expulsé de la salle d’accouchement. Mais je ne me plains pas, vu que la salle d’attente est dotée d’une télé.

– Encore un peu plus tard : Les aides-soignantes me ceinturent et me forcent à rentrer dans la salle d’accouchement. L’une d’elles me pète trois doigts dans l’opération et me promet qu’elle me montrera comment elle a fait si je me tiens tranquille. Malgré mes suppliques et mes larmes, la télé reste en salle d’attente.

– 14h40 : Albane étant quelque peu agitée, des soignants viennent la ligoter sur la table d’accouchement après qu’elle ait réussi à sectionner les tendons du poignet de la sage-femme d’un seul coup de dents. Ils finissent par lui filer un shoot d’héroïne parce que ça coûte moins cher que les calmants homologués.

– 14h45 : L’anesthésiste revient un peu affolé, ce n’est pas de l’héroïne qu’ils ont filé à Madame mais du LSD. Ce qui explique qu’elle voit des libellules mauves qui me grignotent le cerveau en discutant des interactions chimiques entre les méduses et les formulaires de demande d’adoption.

– 14h50 : l’aide-soignante arrive enfin à mettre les libellules dehors. Albane en profite pour essayer de me mordre le bras, avec succès.

– 14h59 : Apparemment le bébé est pressé de sortir puisqu’on voit un tentacule qui s’agite frénétiquement. La sage-femme assure qu’on a le temps et que ça s’est passé comme ça pour la naissance de Paul le Poulpe, et que finalement il a fallu attendre une demi-heure.

– 15h03 : On voit la tête. La sage-femme se rend compte qu’en fait on n’a pas super le temps et appelle à l’aide (véridique).

– 15h04 : C’est l’éjection. Le bébé sort d’Albane à la vitesse record de 102km/h (comme une balle de tennis au service, pour vous donner une idée). La détonation est entendue jusqu’à l’extérieur de l’hôpital. La sage-femme fait un plongeon magnifique et réceptionne mini-nous juste à temps pour éviter qu’il ne s’encastre dans le mur.

– 15h05 : Mini-nous enroule ses tentacules autour du visage de la sage-femme et tente de lui manger les yeux. Un infirmier plutôt costaud lui envoie de fortes décharges avec une matraque électrique pour lui faire lâcher prise. La sage-femme fait des bonds bizarres à chaque décharge, ce serait très amusant à voir si Albane n’essayait pas de me broyer les testicules afin d’être certaine que je ne la remette pas enceinte par inadvertance (ce qui n’arrivera pas volontairement, étant donné que nous sommes tous deux très en accord sur le fait que 2 rejetons, c’est pile ce qu’il faut pour assurer la survie de l’espèce sans risquer la surpopulation).

– 15h06 : Dans des circonstances encore indéterminées, un feu se déclare dans la salle d’accouchement. Mini-nous rétracte aussitôt ses tentacules et se roule en boule dans un coin de la pièce. Au moins nous connaissons maintenant un bon moyen de pression s’il n’est pas sage.

– 15h20 : On pèse et on mesure la bête. 3k940, 51cm, 2 testicules, 10 doigts, deux yeux, deux oreilles et toutes ses dents. Oui, il semble que Mini-nous soit né avec l’intégralité de sa dentition déjà en place. Et qu’il ait hérité de la tendance d’Albane à vouloir mordre tout ce qui ressemble à un morceau de viande.

– 15h30 : Nous restons seuls Albane, Mini-nous et moi dans la salle  d’accouchement pendant que les soignants barricadent l’entrée de l’extérieur. Il semble que Gaël (le vrai nom officiel et tout de Mini-nous) dépasse largement les normes d’agressivité tolérées au sein du service, et ils ont décidé de faire appel à l’armée pour gérer ce cas.

– 15h38 : Nous sommes copieusement gazés et je sombre dans l’inconscience (mes parents diraient que je l’étais déjà, mais ils sont médisants).

– 17h : La sage-femme vérifie que tout va bien pour nous trois et signe un avis d’expulsion. Nous sommes raccompagnés fermement à la sortie du service d’accouchement par trois gros balèzes dont un que je suis persuadé avoir vu dans l’émission « Meutriers en Série ».

– 17h10 : On nous emmène à notre cellule. Je suis content de voir qu’au moins le trou d’évacuation des déjections n’est pas bouché, pas comme dans le dernier hôtel où j’ai mis les pieds. Je demande un autographe au tueur en série, qui me dédicace son livre « Je vous tuerai tous » en inscrivant « Pour Dric, je te rendrai bientôt visite. Amicalement, Roger. »

Gaël à l'âge adulte (projection)

Gaël à l’âge adulte (projection)

La suite est plutôt banale avec le traditionnel défilé des personnalités politiques, des félicitations à la chaîne, des photos, du champagne et des filles nues qui se trémoussent. Albane et Gaël pourront rentrer demain (vendredi donc), et si Gaël s’en contrefout puisque lui il peut pioncer, manger et faire caca où qu’il soit, Albane est beaucoup plus impatiente.

Quand à moi, je profite d’avoir le lit pour moi tout seul. Malgré mes demandes répétées, il m’a été interdit d’y amener d’autres personnes.


Note : j’ai un peu romancé cet accouchement, mais l’horodatage est correct ainsi que les principaux évènements. Le personnel a été très très gentil et a fait en sorte que tout se passe bien (même si Gaël est effectivement sorti plus vite que prévu). 

 


  1. Je vais probablement me faire tuer pour ce qualificatif de cétacé, ou au moins souffrir considérablement. Mais ça vaut le coup. 

  2. En vrai on s’en fout mais je fais du covoiturage. Ça sauve la planète, le compte en banque et c’est assez agréable de se faire conduire. Le revers de la médaille c’est qu’on roule parfois sur un chat, mais on ne peut pas tout avoir. 

J'ai un furoncle au derrière, vite je commente !


La charte du Téléfilm de Noël

Pondu le 23 décembre 2010 - 1 commentaire

Cette demoiselle est la maquilleuse des vampires de Twilight

A la veille des fêtes de Noël, il est un sujet que j’aime particulièrement aborder : les téléfilms de Noël. Qu’il soit bien clair que j’assume totalement le fait d’être un fan inconditionnel, et ce malgré un dosage de niaiserie proche de celui d’un Twilight1. J’avais déjà fait mon coming-out à ce sujet il y a trois ans, et je me souviens nettement m’être pris une claque derrière les oreilles par ma chère et tendre pour mon choix d’illustration pourtant tout à fait innocent. Notez que depuis elle a sévèrement relâché son attention, bien que le fait de le mentionner ici va probablement me valoir un rappel à l’ordre moral.

Pour obtenir l’appellation « Téléfilm de Noël », il faut que le scénario suive un synopsis bien précis. Le Comité de Surveillance de Noël (CSN), qui gère également les imitations du Père Noël et les calendriers de l’Avent entre autres est extrêmement vigilant et a ainsi produit un cahier des charges concernant les scénarii de ces téléfilms, que j’ai pu me procurer au péril de ma vie :

– Le lieu : invariablement, il s’agira d’une petite ville rurale des Etats-Unis.  Le postulant à l’appellation « Téléfilm de Noël » (appelé ci-après « soumissionnaire ») pourra proposer une opposition avec le rythme effréné et la froideur des grandes villes. Tous les lieux devront être somptueusement décorés dans la tradition de Noël sans faute faute de goût, à l’exception du bureau du méchant et des possibles scènes tournées en milieu urbain.

– Le cadre économique : En tant que nation basée sur un capitalisme triomphant, le téléfilm se devra d’intégrer dans son scénario une composante économique, telle qu’une fabrique de jouets au bord de la faillite ou une entreprise locale faisant vivre l’essentiel de la bourgade qui connait quelques difficultés.

– Le héros/l’héroïne : Il/elle vivra en milieu urbain, et se retrouvera obligé(e) pour une raison qui n’a aucun besoin d’être rationnelle d’aller dans la charmante bourgade rurale, ce qui introduira un choc des cultures qui tournera bien évidemment en faveur du monde rural. Le passé du héros/héroïne devra comporter une zone d’ombre comme un père disparu, une enfance brisée ou un évènement tragique survenu à la période de Noël. De fait, le héros/héroïne détestera Noël et refusera le bonheur des joies simples. Il/elle devra être de couleur blanche.

– L’amoureux(se) : indispensable pour former un couple à l’issu du téléfilm avec le héros/héroïne, l’amoureux(se) devra être natif(ve) de la bourgade et être de sexe opposé au personnage principal afin de préserver la morale chrétienne et les valeurs prônées par les WASP et le Tea Party. Il/elle devra être père/mère célibataire, son ancien partenaire étant décédé(e)/parti(e) en abandonnant sa famille/en prison/divorcé(e). Il/elle devra également être de couleur blanche.

– L’enfant : Pourra être n’importe quel sexe mais devra être blanc. Une couleur de cheveux blonde sera un plus. L’enfant sera en recherche d’une personne pouvant remplacer son père/sa mère et ainsi recomposer une cellule familiale en conformité avec les valeurs traditionnelles de l’américain croyant. L’enfant pourra au cours du téléfilm être en bref conflit avec le héros/l’héroïne, mais il devra au final se révéler être un allié précieux.

– La communauté : Les habitants de la ville seront tous charmants et accueillants à outrance. Nous sommes bien évidemment dans le domaine du fictif. Dépendante de l’activité de la fabrique en déficit, la communauté fera reposer toute la responsabilité sur les épaules du héros/de l’héroïne. Parmis cette communauté, un ou plusieurs membres seront des brebis galeuses qui aideront les méchants à atteindre leur but. A l’issue du téléfilm, ces parias devront avoir quitté la ville ou avoir fait amende honorable. La communauté pourra comporter un nombre limité de personnes de couleur, tant qu’elles n’occupent pas de rôle central.

– Le ou les méchants : Le soumissionnaire sera bien avisé de créer un ou plusieurs méchants dont le but est de faire du profit sur le dos des petites gens, et donc de faire fermer l’usine/la fabrique de jouet précédemment en difficulté financière, ou tout du moins d’en vouloir fermement à l’Esprit de Noël. Le Méchant devra donc se moquer des enfants et tirer la queue des chats. Il/elle pourra aussi être l’ex de l’amoureux(se), auquel cas le personnage principal et le méchant se battront pour reprendre l’amoureux(se). En cas d’extrême nécessité, le méchant pourra faire amende honorable et être réintégré au sein de la communauté sans toutefois marcher sur les plates-bandes du personnage principal. Le méchant sera de préférence soit un citadin, soit un rural qui aimerait devenir citadin. Le sexe du méchant sera de préférence masculin, sauf si le scénario prévoit une rivalité amoureuse entre les protagonistes auquel cas la méchante pourra être une femme d’affaire froide et impitoyable.

– Arrivée du personnage principal dans la bourgade : Le soumissionnaire pourra choisir parmis les éléments suivants : accident d’une incroyable coïncidence, déposé là après avoir fait du stop, arrivé pour prendre la succession d’une vieille fabrique de jouets au bord de la faillite. Le personnage principal sera accueilli obligatoirement par l’amoureux(se), qui tombera sous son charme mais pourra au préalable éprouver de l’animosité pendant 30 minutes de téléfilm au maximum.

– L’intrigue : Le problème économique devra être réglé par des moyens qu’on peut tout à fait aller piocher dans le domaine du miraculeux, rendant ainsi la joie de vivre à la communauté des habitants de la bourgade. Les principaux personnages devront tomber amoureux l’un de l’autre, puis une crise devra survenir qui va les opposer. Finalement avec l’aide de l’enfant, le héros/héroïne prendra sur lui/elle et reconquérira son amoureux(se) tout en sauvant la ville de la faillite en mettant à mal le plan machiavélique des méchants, grâce à une pirouette scénaristique qui lui permettra d’affronter sa destinée et de prendre ses responsabilités vis à vis de la communauté. Une intrigue secondaire permettant de résoudre le problème remontant à l’enfance du héros/héroïne sera mise en place et ne trouvera de dénouement qu’au dernier moment. Les rebondissements au sein de l’intrigue devront arriver à l’instant précis où tout le monde les attend, et les renversements de situation devront être téléphonés à l’avance au téléspectateur.

– La chute : Ne pourra être autre chose qu’une happy end. Pour plus de réalisme, on pourra faire intervenir un miracle de Noël avec pourquoi pas le gros bonhomme rouge. Les amoureux et l’enfant devront se retrouver, entourés par la communauté bienveillante. La neige sera la bienvenue à ce moment du téléfilm si elle n’est pas déjà survenue.

Un happy end comme on les aime

Voilà mes amis, vous pouvez désormais vous aussi postuler pour créer un scénario de téléfilm de noël. Je n’aurais pas été si feignant, j’aurai même programmé un petit générateur aléatoire de scenarii sur une page web.

Je vous souhaite donc un Joyeux Noël. Pour ma part j’ai fait un gros sapin, donc j’attends de gros cadeaux.


  1. Pour les amoureuses de Twilight, je signale quand même que les similitudes sont nombreuses : les décorations de Noël sont brillantes, les vampires de Twilight aussi. Les deux parlent aussi de famille, de sentiments moraux, de tolérance et d’amoooour. Et pan. 

On est bien sur skyblog ici ? Vite, je commente !