Le vrai patriotisme

Pondu le 2 septembre 2010 - 12 commentaires

Vous le savez, c’est la crise. Ou plutôt la Crise, le « c » majuscule induisant une forme de crainte respectueuse de ce phénomène. Ce qui me fait d’ailleurs penser qu’à l’instar des anciennes divinités maléfiques qu’on vénérait pour ne pas se prendre leur divin courroux sur la tête1, je devrais monter une secte qui vénèrerait la Crise pour qu’elle épargne mes ouailles. J’appellerais ça le Temple Critique de la Rédemption et ce serait bien cool.

Je pourrais attirer une foule de boursicoteurs, de financiers, de personnalités politiques, que des gens puissants en fait. Oui parce que les pauvres ils ne craignent pas la Crise eux. Ils sont dedans depuis qu’ils sont petits donc ils ont appris à faire avec. Salauds de pauvres, ils faut toujours qu’ils aient des avantages que les autres n’ont pas.

Mes adeptes seraient donc des gens riches, ce qui me permettrait de leur réclamer des dons généreux pour ma poche paroisse, de les avoir à ma botte, de coucher avec plein de filles trop crédules2 et de pouvoir enfin péter dans des draps en soie.

Mais en fait cette digression n’est absolument pas le sujet de cette note, qui va plutôt parler de : « Comment qu’on fait quand on est gouverne un pays plein de pauvres et qu’on voudrait qu’il rapportent un peu à l’État ? ».

Une femme russe patriote

Figurez-vous qu’un pays a trouvé la solution. Et je ne parle pas d’une petite république bananière d’Amérique Centrale mais d’un pays plus grand que l’Europe, et duquel nous sommes largement dépendants en approvisionnement en gaz naturel3. Une solution si simple qu’elle en est brillante : Alexeï Koudrine, le Ministre Russe des Finances encourage ses concitoyens à boire et fumer tant qu’ils le peuvent pour réduire les déficits publics4. Évidemment il ne l’a pas dit comme ça, mais ça revient au même.

Car enfin à quels loisirs peut bien avoir accès le pauvre, russe de surcroît ? Certainement pas les jolies filles, puisqu’elles émigrent en masse vers nos contrées pour y être exploitées sexuellement. Non le pauvre est facilement enclin à boire pour oublier ses galères, et à fumer parce que ça détend. Hors on sait tous que les taxes énormes que les pays mettent sur les produits alcoolisés et cancérigènes rapportent plein de sous. En Russie c’est même la principale source de revenus du Gouvernement, selon l’Institut d’Étude du Peuple et des Jolies Filles (cet institut est très largement controversé pour ces affirmations à l’emporte-pièce, sachez-le). L’équation pour générer des revenus est simple : plus de pauvres = plus d’alcool et de cigarettes vendu(e)(s)5 = plus de sous dans les caisses de l’Etat.

Bien évidemment cette équation a ses limites. On ne peut décemment augmenter le nombre de pauvres sans affaiblir le reste du pays, et de plus trop de pauvres ça pose toujours des problèmes de délinquance, d’habitats insalubres, c’est moche sur les cartes postales et ça file une mauvaise réputation au pays. Du coup il faut pouvoir renouveler son stock de pauvres sans risquer la surproduction. Le seul levier sur lequel on peut jouer est donc la consommation d ‘alcool et de cigarettes. Augmenter les taxes est un mauvais calcul puisque les pauvres ne pourraient plus se payer ces denrées, donc il faut encourager la consommation effrénée. Un abus d’alcool et de tabac entraîne la mort prématurée des consommateurs, ce qui assure le renouvellement des populations sans le sou, on augmente les revenus, c’est définitivement une bonne idée pour se sortir de la Crise.

Malheureusement cette idée géniale est inapplicable chez nous, la faute à notre maudite couverture de santé. Les pauvres résidant en France peuvent bénéficier de la CMU et donc accroître artificiellement leur durée de vie, sans compter que les dépenses de soins sont du coup payées par l’Etat qui accumule alors plus de déficits que de recettes dans cette opération (ce qui explique les campagnes anti-tabac et alcool dans notre pays, sinon on ne dirait rien). Je m’adresse donc solennellement à tous les pauvres (et même aux autres) de France et de Navarre pour leur dire de cesser de picoler comme des trous et de fumer comme des pompiers. C’est bien beau d’être patriote, mais ça ne sert à rien en France.

Tant qu’à aider efficacement l’État optez plutôt pour une addiction au jeu, maintenant qu’il est correctement encadré et taxé.

Source : entre autres.


  1. A ce propos le Dieu Chrétien de l’Ancien Testament – celui décrit dans le Nouveau étant vachement plus cool, mais il s’agit en réalité du même Dieu – entre dans cette catégorie, avec ses plaies d’Égypte et autres noyade d’armée. 

  2. C’est un passage obligé pour tout gourou qui se respecte, et sérieusement un gourou sans abus sexuels c’est un peu comme une pub de savon sans fille nue, c’est complètement irréaliste. 

  3. Si vous n’avez pas trouvé, la solution arrive plus loin, ne paniquez pas. 

  4. Cette information est véridique. Sans mentir. Parole. 

  5. Oui là je n’ai aucune idée de la façon dont on accorde le verbe vendre avec alcool et cigarettes, donc faites à votre sauce. 

On est bien sur skyblog ici ? Vite, je commente !


Tout ce qu'il y a à savoir sur le Barack Pàlinka, l'alcool hongrois

Pondu le 11 janvier 2010 - 10 commentaires

Il existe de par le monde des choses stupéfiantes, et elles sont parfois sous notre nez.

Étant allé récemment déménager ma grand’ mère, nous avons retrouvé Frangin et moi des alcools oubliés dans un fond de meuble. Inutile de dire que je n’aurais pas bu un de ces breuvages pour tout l’or du monde (sauf peut-être l’eau de vie, c’est pas le genre de truc qui se périme vu le degré d’alcool de ces choses-là).

Parmi ces apéritifs se trouvait un alcool répondant au doux nom de Barack Pàlinka, un alcool de Budapest. Une recherche sur Internet vous dira que c’est une liqueur d’abricot. Ah ah. Pour avoir ouvert la bouteille, je peux vous dire que c’est du piège à crétins ce truc.

La seule chose compréhensible sur cette bouteille, c'est le taux d'alcool

Car pour vous dire toute la vérité, le Barack Pàlinka sent la chèvre. Oh bien sûr pas dès le départ, car les Hongrois sont des gens rusés. Mais si vous laissez la bouteille ouverte quelques années, vous aurez en la redébouchant un délicat parfum de chèvre sucrée qui vous montera aux narines.

On peut tout de même se demander comment un tel alcool a pu voir le jour, car enfin il y a mieux qu’une chèvre pour faire un arôme d’alcool. Laissez-moi vous rappeler la situation de la Hongrie :

Ex-pays soviétique, la Hongrie a toujours eu une certaine autonomie, ce qui lui a permis de mieux s’en sortir que certains de ces voisins. Néanmoins actuellement c’est pas brillant-brillant comme situation, avec une dette qui se chiffrerait en dizaines de milliards de dollars1. Les Hongrois, peuple pragmatique et peu enclin à pleurnicher sur son sort2 se sont donc retroussés les manches et ont trouvé des solutions innovantes pour mieux s’en sortir. C’est ainsi que la Hongrie, possédant un solide parc d’élevages de chèvres se demanda bien comment exploiter au maximum les possibilités de cet animal. Il faut bien avouer qu’avant eux personne n’avait jamais pensé à faire de l’alcool de chèvre, notamment à cause du procédé de fabrication qui implique de presser une chèvre au dessus d’un fût, de laisser le résultat macérer, de filtrer et de mettre le résultat en bouteille.

Très rapidement les fabricants de Barack se sont rendus compte qu’une chèvre ça ne produit pas des masses d’alcool. D’où leur idée d’accélérer la distillation en coupant la décoction de chèvre avec un alcool de fruit, ce qui donna un goût sucré à la mixture finale. Un effet inattendu de cette ajout fut que l’alcool ne sentit plus la chèvre au départ mais l’abricot. Plus fort encore, peu importe le fruit employé pour faire le Barack celui-ci sentira toujours l’abricot.

Les chèvres étant moins chères en Hongrie que les abricots, on cria « Banco ! »3 et on s’empressa de commercialiser ce breuvage. Hélas, ce fut un échec cuisant. En effet, qui irait boire de l’alcool de chèvre ?

Persévérants, les fabricants de Barack Pàlinka tentèrent de l’exporter à l’étranger. Pour faire couleur locale ils laissèrent les étiquettes en hongrois et regardèrent ce que ça donnait. Les étrangers, d’abord réticents à expérimenter un truc ne venant pas de chez eux goûtèrent du bout des lèvres la cuvée la plus récente du Barack. Ils furent enthousiasmés et c’est ainsi qu’on peut désormais trouver dans les boutiques à souvenir de Budapest de l’alcool de chèvre. Bien sûr en traduisant l’étiquette vous ne verrez pas inscrit « Liqueur de Chèvre », puisque les commerciaux ont tout de même pensé à rectifier cette inscription. Vous verrez aussi qu’on vous conseille de boire cette bouteille rapidement afin de conserver ses arômes. La vérité c’est surtout pour éviter que le temps ne révèle les véritables ingrédients de cet alcool astucieux.


  1. Ne comptez pas sur moi pour donner les chiffres exacts, je n’ai pas été foutu de trouver un site où les infos soient fiables à ce sujet. 

  2. En vérité je n’en sais rien, mais on peut raisonnablement supposer que ça soit le cas pour une partie de la population au moins. 

  3. Le mot exact en hongrois est incompréhensible, même à l’écrit. De toute façon je n’ai pas les caractères nécessaires sur mon clavier pour vous l’écrire ici. 

Je parle souvent pour ne rien dire, vite je commente !