Le pain à l'envers fait mon affaire

Pondu le 20 février 2008 - 14 commentaires

Je suis toujours à la recherche d’un bon sujet de note, et Aurélie, David et Albane m’en ont fourni un bien bon. Albane et Aurélie ne supportent pas de voir du pain à l’envers sur une table. Sauf qu’aucune d’elle n’a été en mesure de nous indiquer en quoi un bout de pain tout ce qu’il y a de plus inerte peut apporter malheur et déchéance sur un innocent convive un peu trop insouciant avec la disposition de sa nourriture.

La réponse n’est pas bien difficile à trouver, Internet regorge de sites tous plus sérieux les uns que les autres qu décrivent pourquoi le pain peut porter malheur. Pour parfaire mon enquete, je me suis également adressé à des sommités en la matière, des gens tellement sérieux que même les meilleures blagues sur les blondes ne les font pas esquisser l’ombre d’un sourire.

J’ai donc effectué des recherches poussées, et j’ai trouvé une référence dans un vieux site web du début du XIVè siècle à une histoire de bourreau, de diable et de boulanger.

Il semblerait qu’en 1552, dans la petite bourgade de Saint Thomon-sur-orge1, un fier artisan boulanger du nom de Thomas Sticaud vendit tout son stock de pain à des étrangers2. Il fut bien embêté lorsque le bourreau local, qui était d’exécution ce jour-là s’en vint quérir sa miche habituelle. Il faut dire qu’être exécuteur judiciaire à cette époque apportait des facilités dans les horaires, et que notre bourreau avait donc sommeillé jusque tard dans la matinée.

Scandalisé, le bourreau refusa de faire son office et se mit en grêve, annulant du même coup l’exécution de Jean dit le Benêt, ce qui permit un an plus tard la création du Parlement de Bretagne. Je présume que vous ne voyez pas bien quelle infâmie peut découler du Parlement de Bretagne, c’est bien compréhensible pour des béotiens comme vous. Mais sachez tout de même que c’est à cause de ce Parlement que les bretons vont nous casser les noisettes pendant les siècles suivants, jusqu’à aujourd’hui où ils continuent de gesticuler dans le vide en poussant des cris de singes, comme quoi la Bretagne c’est vachement bien et que les autres régions c’est du caca de panda. Du coup le boulanger Sticaud décida de garder systématiquement un pain de côté pour le donner au bourreau. Pour être sûr qu’il n’y toucherait pas, il prit l’habitude de le retourner.

Quand au diable, il paraît qu’il aurait passé ses vacances d’été dans le camping municipal de ce village à la même époque. L’intervention du démon dans cette affaire relève donc plus probablement d’un commérage de quartier.

Au fil des temps le commérage s’est transformé en légende : le diable serait attiré par le pain renversé des bourreaux et donc quiconque retourne son pain attire le malheur et la mort. A noter qu’une vieille histoire du Nord de la France raconte que le diable est attiré par les barreaux en pin, comme quoi le téléphone arabe s’applique à n’importe quoi.

En 1944, Hitler alors aux abois se tourne vers le paranormal et fait faire des études sur les phénomènes de malédiction. Les notes laissées par les scientifiques de l’époque sont totalement incompréhensibles étant donné ma faiblesse en linguistique germanique, mais on trouve la trace d’un bombardement le 3 mai 1944 à Londres où les habitants étonnés ont reçus sur la tête des tonnes de baguettes étant uniquement composées de dessous de pain, afin probablement d’attirer le malheur quelque soit la position où elles tombent. Il est fortement regrettable qu’à l’époque personne n’ait pensé à établir une statistique sur le degré de survie des victimes de ce bombardement.

Plus récemment le 7 janvier 1996, un président de la République fraichement sorti pose son pain à l’envers sur sa table. Il meurt le lendemain d’un cancer de la prostate3. Coïncidence ou lien réel ? Les spécialistes s’affrontent encore sur cette hypothèse bien que l’Académie des Sciences leur répète inlassablement qu’ils devraient se recentrer sur le seul vrai débat scientifique possible : qui de l’éléphant ou du rhinocéros est le plus balèze ?

J’ai également trouvé sur un autre site web une amusante compilation de malheurs possibles avec le pain :

– Poser le pain à l’envers fait pleurer la vierge (là je ne vois pas, c’est probablement un des secrets que Jean-Paul II a emporté avec lui)
– Poser le pain à l’envers fait souffrir les âmes au purgatoire (ce qui situerait le purgatoire sur la face supérieure du pain, le fait de le renverser provoque un écrasement des âmes qui y sont contenues)
– Poser le pain à l’envers provoque des naufrages (c’est particulièrement vrai dans le berry d’après ma vieille voisine)
– Poser le pain à l’envers le rend immangeable (à condition de le laisser comme ça pendant 2 mois, on oublie souvent de le préciser)
– La femme qui pose le pain sur le dos indique qu’elle travaille et gagne sa vie dans cette position (j’adore cette explication, c’est ma préférée. C’est d’ailleurs probablement pour ça qu’inconsciemment les filles détestent voir du pain à l’envers)
– Le pain posé à l’envers est réservé au bourreau et l’attire chez soi (oui bah c’est ce que je viens de vous exposer)
– Le pain posé à l’envers provoque la colique des enfants qui le mangent (fatalement ce qui est entré doit ressortir un jour)

Vous pouvez penser que cet exposé vous a comme d’habitude fait perdre votre temps, n’empêche que grâce à moi vous allez pouvoir briller en société lors des dîners. Et vous me remercierez, vous verrez.


  1. J’avais la flemme de rechercher un vrai village, aussi ne cherchez pas ce patelin sur la carte, vous perdriez un temps précieux. 

  2. Il est fait référence à des gens parlant un patois difficile que j’ai pu recouper avec la langue parlée par le village voisin, distant de 19km. 

  3. Je vous laisse deviner de quel président il s’agit… 

Je veux coucher avec Dric, vite je commente !