Etude pharmaceutique

Pondu le 27 septembre 2014 - 5 commentaires

Vous avez peut-être vu depuis quelques temps que le gouvernement ainsi que certaines chaînes de grande distribution aimeraient que les médicaments achetables sans ordonnance puissent être vendus dans des supermarchés.

Evidemment les pharmacies et les laboratoires pharmaceutiques sont tout à fait contre, vu que ça entraînerait très certainement une concurrence plus forte pour les pharmacies, et que la grande distribution tenterait forcément de négocier les prix d’achat aux labos bien en dessous de leur valeur actuelle.

On voit donc fleurir de part et d’autre des arguments parfois teintés de mauvaise foi :

Ne cliquez pas sur cet ersatz de médecin, elle a un faux diplôme.

Je n’avais pas d’image suffisamment intéressante de pharmaciennes, mais je présume que vous ne m’en voudrez pas trop.

Les labos et pharmacies clament haut et fort que les supermarchés ne fourniront pas de conseils et qu’il y a donc un risque pour les consommateurs qui pourraient prendre des médicaments inadéquats ou n’importe comment, vu que les gens sont un peu idiots. Ce à quoi les consommateurs et les supermarchés répliquent que de toute façon les pharmacies ne donnent jamais de conseils d’utilisation, et qu’elles vendent les médicaments comme s’il s’agissait de produits qui ont tout d’ordinaires, sauf le prix. Et ils ajoutent que les pharmacies et les labos sentent le caca de poney mais que c’est vrai que les gens sont idiots.

La grande distribution et le gouvernement vocifèrent que les prix se trouveraient grandement diminués grâce à la concurrence, ce qui permettrait aux consommateurs de pouvoir se soigner sans se ruiner, et que comme ça ils couineraient moins quand on augmente les impôts. Ce à quoi les pharmacies et labos répondent que si on prend l’exemple de l’Italie qui a déjà fait ce choix, les prix n’ont pas baissé tant que ça sur la durée. Et que par contre ça va créer du chômage parce que les pharmacies ne pourront pas rivaliser et devront fermer. Et aussi que la grande distribution et le gouvernement ont une odeur de fiente de pigeon, mais que c’est vrai que les gens couinent beaucoup.

Cet argumentaire a entraîné un effet collatéral qui serait amusant si nous, gens de base, n’en étions pas victimes : soucieuses de montrer qu’elles ne sont pas d’une grave mauvaise foi, les pharmacies demandent depuis quelques mois à leurs employés de conseiller lourdement la clientèle, y compris si celle-ci n’a rien demandé. Il existe une norme informelle pour évaluer le niveau de conseil à fournir à la clientèle :

  • Homme de base avec un papier sur lequel on peut voir une liste avec une écriture féminine : niveau modéré de conseil, asséné avec un débit maximal afin de bien faire comprendre au pauvre hère qu’il ne comprendra jamais rien au monde étrange de la médication.
  • Femme seule, sortant visiblement du travail et semblant stressée : niveau élevé de conseil orienté de façon à générer de la peur chez la cliente, ce qui l’amènera à acheter encore plus de trucs à base de plantes.
  • Petite vieille seule ou accompagnée de son mari tout aussi petit et vieux : niveau extrêmement élevé de conseil, délivré avec une puissance sonore importante vu le degré de surdité de la cliente. Laquelle le répétera à son mari qui est encore plus sourd au besoin.
  • Mère entourée d’une tripotée d’enfants au degré de braillardise variable mais néanmoins élevé : niveau de conseil minimum ou inexistant, la cliente étant de toute façon déjà en négatif sur son compte, et ses rejetons étant une source potentiellement non négligeable de dégâts matériels dans l’officine.
  • Personne désirant être conseillée : les pharmacies à l’instar de tous les commerces, obéissent aux lois de Murphy, qui veulent qu’un client aura un niveau de renseignement inversement proportionnel à ce qu’il désire. Niveau de conseil minimum donc.
  • Personne de base voulant acheter du doliprane : niveau de conseil minimum à modéré, mais temps d’attente de toute façon beaucoup trop long vu que toutes les catégories de personnes à niveau de conseil élevé seront présentes dans la file d’attente au moment d’entrer dans la pharmacie.

Le résultat, c’est qu’on passe donc trois fois plus de temps à attendre pour acheter du Doliprane parce que les employés et les pharmaciens mettent un point d’honneur à montrer qu’ils ont une super valeur ajoutée par rapport aux supermarchés Leclerc.

Je demande donc au gouvernement de trancher une fois pour toute ce débat dans un sens ou dans l’autre, qu’on puisse enfin retrouver un délai d’attente dans les pharmacies qui ne se compte pas en dizaines de minutes.


 

Note du panda attentif : Les tests ont été effectués en toute subjectivité dans trois officines situés dans des lieux et villes variées, et des achats avaient déjà été effectués dans deux des officines avant ce triste conflit pharmaceutique.

Je voudrais la paix sur le monde, vite je commente !


Suggestion de présentation

Pondu le 25 août 2014 - 5 commentaires

Il se trouve que j’ai toujours des cernes sous les yeux, ce qui ne manque pas de faire dire à ma m’man dès qu’elle me voit : « t’as l’air fatigué, t’es sûr que tu dors bien ? »1.

Il y a deux mois, à l’occasion d’un tour dans un des magasins de la chaîne de produits bien-être, maquillage et produits beauté bien connue Gilbert Caillou, nous sommes tombés sur un produit qui devait d’après le descriptif réduire mes cernes de façon visible, m’assurant ainsi succès, gloire et magnificence.

Ne cliquez pas sur cette image, la fille sexy est plus bas dans cette note.

Notez la mention « poches visiblement atténuées », nous en reparlerons plus tard.

Passons sur le fait que le produit était en promo permanente, mais que si comme nous l’avons fait on l’achète avec un bon de réduction celle-ci se fait sur le prix plein pot, ce qui donne un prix plus élevé avec un coupon de réduction qu’avec un achat normal (chose que nous avons réalisé bien après achat, évidemment…).

Passons aussi sur le fait que ce produit ne pénètre pas la peau et que les espèces de billes permettant le massage des cernes sont assez peu agréables à utiliser.

Il y a quelques jours, Albane m’a dit « Ça a l’air de marcher quand même ton truc anti-cernes, on les voit un peu moins depuis quelques semaines ! ».

Je fus obligé de lui avouer l’air un peu piteux que je n’en mettais plus depuis quelques semaines justement, ce qui veut dire soit que ce produit accentue les cernes, soit que le fait que je sois en vacances depuis deux semaines et que je dorme 9 heures par nuit réduit mes cernes, et dans ce cas j’entends déjà ma mère faire :

Ma mère, découvrant qu’elle avait raison et me le signifiant en mode « Je te l’avais bien dit ! »

Ce n’est pas le premier exemple de produit inefficace qui affirme pourtant que ce n’est pas le cas, même si aucun autre exemple ne me vient en tête. Je vous rappelle que je suis en vacances et que donc je ne vais pas me fouler pour chercher d’autres preuves à mes affirmations2. En général, ce sont des produits de beauté, des vins ou des poneys shetland. J’en déduis donc la chose suivante :

Lorsque le packaging d’un produit vante son efficacité ou sa qualité, celle-ci est inversement proportionnelle à ce que dit l’étiquette.

Ne cliquez pas sur cette image, elle ne vous aidera en rien à comprendre la théorie de la relativité.

Lecteur hétérosexuel mâle, qu’est-ce qui vous attire chez cette jeune femme : sa licence en physique ou ses formes ?

Je ne connais pas trop le monde des produits de beauté, mais je suppose qu’il doit y avoir un budget fixe pour le lancement d’un produit, qui est partagé ensuite entre la R&D (recherche et développement, qui détermine le contenu du produit) et le packaging commercial (qui détermine la forme du produit). Comme ce sont les commerciaux qui dirigent le tout, ils se servent en premier. Lorsque vient le moment de développer le produit, ils n’ont plus un rond et ils sont bien embêtés. Ils prennent donc la décision courageuse de passer outre la phase de R&D, de mettre dans le super packaging un mélange d’eau et de lubrifiant à préservatifs et d’apposer sur l’étiquette ce que le produit est censé faire.

Ces gens-là savent que l’esprit est supérieur à la matière (chose qu’on leur a inculqué avec un vocabulaire choisi : « Les gens sont des cons, ils sont prêts à croire n’importe quoi et ils vont marcher à fond. »), ils forcent ainsi l’auto-suggestion des acheteurs, ce qui permettra à l’action supposée de se produire effectivement. Du moins sur les gens pour lesquels l’esprit est effectivement supérieur à la matière (ce qui exclue notamment les participants aux émissions de télé-réalité et certains sportifs).

Vous allez me dire qu’un certain nombre de gens vont se rendre compte de la supercherie, et vous aurez parfaitement raison. Mais ce certain nombre de gens n’entrant pas dans la cible marketing du produit, ils représentent un faible pourcentage des acheteurs qui sera qualifié de négligeable par l’Association Française des Publicitaires Négligents, dont les membres négligent à peu près tout, à commencer par les risques liés à l’absorption de stupéfiants en quantité stupéfiante.

Note : En réalité, je suis de très mauvaise foi et le réducteur de poches fait parfaitement son office. Quand le packaging mentionne « Poches visiblement atténuées », il s’agit en réalité de celles qui contiennent mon argent. Cette honnêteté commerciale m’arrache presque une larme.


  1. A prononcer avec un air soupçonneux. 

  2. Vous pouvez toutefois apporter votre pierre à l’édifice dans les commentaires. 

Je trouve qu'on ne parle pas assez de poneys ici, vite je commente !


De la relative durée du temps

Pondu le 21 mai 2012 - 9 commentaires

La Space Magic c'est un peu comme les super-pouvoirs, ils ont une explication mais en fait on s'en fout.

Aujourd’hui nous allons parler un peu de la relativité du temps. Ce terme est très utilisé en science-fiction pour faire de la Space-Magic1 , ce qui fait que le bas-peuple2 a souvent tendance à penser que c’est un truc pour adolescents boutonneux.

Je tiens à le dire, c’est faux. D’abord parce que la science-fiction est appréciée par une foule de gens de tous âges qui n’ont pas de problèmes de peau, ensuite parce que c’est un phénomène que vous subissez quasiment tous les jours. Vous noterez l’emploi du verbe « subir », je vous garanti que c’est bien le terme qui convient pour ce phénomène.

Prenons un cas concret de la vie courante. Pour coller un maximum aux paramètres du test, vous devez au moins répondre aux pré-requis suivants :

  • Devoir arriver à votre travail à heure fixe.
  • Ne pas habiter sur votre lieu de travail.
  • Ne pas disposer de pouvoirs spéciaux.

Pour une meilleure expérience et un ressenti plus fort, veuillez vous munir d’enfants3 qui devront eux aussi quitter le domicile familial pour se rendre à l’école, en crèche, chez la nounou ou dans n’importe quel lieu où vous souhaiteriez l’abandonner. Vous pouvez également établir votre domicile à bonne distance de votre lieu de travail.

Le réveil sonne, il est <Insérer ici une heure qui sera quoi qu’on y fasse toujours trop tôt, vu qu’on a les yeux bouffis, le cheveu en bataille, et qu’on jure (en vain) que ce soir on se couchera bien moins tard>. Allez, laissez-vous encore 5 minutes avant de vous lever.

Vous clignez des yeux : 6 minutes se sont déjà écoulées. Oui, en un clignement. Vous vous levez et allez prendre votre douche, le temps de vous raser/mettre une quantité indéfinie de crèmes de beauté, de maquillage/faire l’idiot devant la glace vous aura semblé prendre moins de 5 minutes. Erreur : voilà qu’un quart d’heure s’est écoulé, et votre sale gosse n’est toujours pas réveillé. Et vous pouvez vérifier sur toutes les horloges de votre Home Sweet Home, elles indiquent toutes avec la même effronterie que vous commencez à prendre un sévère retard sur votre planning matinal.

Et sachez que cet écoulement du temps qui semble passer en accéléré va continuer comme ça jusqu’à ce que vous arriviez (en retard) à votre travail.

Et il y a mieux : le temps peut également sembler se rallonger à l’infini, faites-en l’ennuyeuse expérience en participant à une réunion,  en allant en cours (pour les plus scolarisés d’entre nous), en étant coincé dans un bus bondé en plein été, dans un embouteillage, etc.

Madame, Monsieur, Chose : vous venez d’être la victime de la relativité. Nombre de savants se sont penchés et se penchent encore aujourd’hui sur ce phénomène, ce qui explique la posture voûtée de la plupart de ces gens-là. Et encore, ce n’est pas la pire déformation physique que peut subir un chercheur : si vous voyez des scientifiques estropiés, avec des organes manquants et d’autres visiblement endommagés, il y a de fortes chances pour que leur domaine de recherche porte sur l’épineuse question de qui de l’éléphant ou du rhinocéros est le plus balèze. Ce n’est pas tant la recherche en elle-même qui est dangereuse, mais plutôt les affrontements liés à la publication du résultat de ces recherches. Il faut bien le dire, personne aujourd’hui n’a encore pu répondre avec certitude cette question fondamentale. Du moins sans se faire massacrer par les partisans de l’autre camp.

Si vous avez continué la lecture jusqu’ici au lieu de retourner voir des vidéos de minous sur Youtube (ou sur Youporn, ça marche aussi), vous allez vous écrier : « Hé, mais c’est vrai ! Comment se fait-il que le temps n’ait pas une durée fixe ? ».

L’explication tient dans le fait que le référentiel de base, c’est vous. C’est votre point de vue qui fait que le temps semble se dilater ou se rétracter. En vérité une unité de temps a la même durée pour tout le monde, mais tout le monde ressentira une durée différente pour cette même unité de temps, et tout ceci est variable dans le temps et selon l’air du temps4. Cessons-là ces énoncés fumeux et prenons Galilée  :

Nous sommes en 1610 en Italie, et cette truffe de Galileo Galilei5 croit que si le Soleil se lève et se couche, c’est parce que c’est la Terre qui tourne autour de lui, et non pas l’inverse comme ce qui est dit par l’opinion publique catholique (je vous rappelle qu’à cette époque c’est l’Église Catholique qui fournit les explications scientifiques aux mystères de ce monde).

Quand je vous disais que tout est une histoire de point de vue...

Si on y réfléchit bien, du point de vue d’un humain résidant sur Terre, les deux théories sont plausibles. Mais du point de vue d’un martien préparant sa Guerre des Mondes, il est évident que c’est autour de Mars que le Soleil tourne et que c’est  la Terre, cette ridicule planète qui va se manger une invasion d’ET dans 4 siècles, qui tourne autour du Soleil. Si le Monde devait tourner autour de tous ceux qui pensent qu’ils en sont le centre, je vous laisse imaginer le bordel que ça serait. N’est-ce pas ? Hein, quoi, c’est déjà le cas ? Oh écoutez, on le saurait à force…

On peut donc déduire de toute cette histoire que :

  1. Galilée était probablement un extra-terrestre.
  2. Les martiens de cette époque auraient mieux fait d’investir un peu dans la recherche contre les maladies extra-martiennes au lieu de ricaner sur l’étroitesse d’esprit des gens du 17è siècle, ça leur aurait éviter de se faire décimer par un virus à la con quand ils ont envahi la Terre 4 siècles plus tard.6
  3. Toute observation est relative au point de vue de la personne qui regarde.

Alors vous allez me dire que c’est bien beau cette histoire, mais que non seulement vous n’avez rien compris à cette histoire de Galilée qui tourne autour d’un martien, mais qu’en plus ça ne vous sert à rien dans votre vie quotidienne, et que comme c’est la Crise on a d’autres chats à fouetter.

Vous avez raison sur un point : vous n’avez effectivement rien compris.

Pour ceux qui aiment pouvoir tout résumer en une phrase (c’est mon cas), voici ce que vous devez retenir de la relativité temporelle appliquée à la vie courante :

« La durée d’une seconde est inversement proportionnelle à ce que vous souhaitez »

Tout ça pour dire que les matins où je dois emmener mon rejeton à la crèche, le temps file scandaleusement plus vite que lorsque je dois assister Albane quand elle est en mission de recherche de fringues7, ce qui n’arrive heureusement pas si souvent.


  1. Ce terme regroupe toutes les explications suffisamment vagues mais plausibles concernant les moyens de locomotion dans une œuvre de science-fiction genre Guerre des Etoiles, et qui reposent sur des principes vaguement scientifiques. 

  2. C’est à dire vous et moi. Mais surtout vous. 

  3. Il est préférable que ce soit les vôtres, et qu’ils soient encore vivants. 

  4. Si vous n’avez rien compris, c’est tout à fait normal. Même en sachant que ce que j’ai écrit est relativement correct, je n’arrive pas à comprendre ce que j’ai mis… 

  5. Comme quoi même à cette époque certains parents étaient totalement irresponsables dans le choix du prénom de leur progéniture. 

  6. Évidemment il faut avoir lu ou vu la Guerre des Mondes d’ H.G. Wells pour comprendre ce deuxième point. Si vous ne l’avez pas lu, vous pouvez au moins tenter de dissimuler votre inculture en regardant le film de Spielberg avec Tom Cruise. 

  7. Vous plussoirez si vous avez la malchance de partager la vie d’une personne qui vous dit « Je dois absolument aller acheter un pantalon, je n’en ai plus à me mettre » et qui regarde TOUT dans les magasins SAUF les pantalons. 

Je veux coucher avec Dric, vite je commente !