C’est pas ma faute !

Pondu le 25 septembre 2020 - 0 commentaires

Il se trouve que je suis informaticien de métier. Un vrai de vrai, avec des lunettes, mal rasé, geek, amateur de jeux vidéo. Et comme j’aime les clichés, j’assume totalement d’en être un.

Jusque là rien de fantastique, on connait tous un gars qui dit qu’il bosse dans l’informatique. Et on s’empresse de lui demander de réparer de vieux ordinateurs qui n’aspirent qu’à un repos éternel et poussiéreux, ou plus récemment des tablettes et smartphones bas de gamme qui étaient déjà dépassées dès leur achat.

Mais venons-en à notre propos du jour1 :

Nous avons tous un jour entendu de la part d’un organisme ou d’un magasin la merveilleuse excuse : « Ah là là là là oui, nous n’avons pas pu traiter votre demande, nous avons un problème informatique. »

Ce qui sous-entend que sans informatique, les gens sont incapables de travailler. Les informaticiens devraient donc être payés plus chers que des traders sous cocaïne. Tout comme un nombre faramineux de professions qui ont été mises en valeur pendant le confinement d’ailleurs.

Mais contrairement à ces braves gens qui ont reçu plus ou moins de remerciements ou applaudissements, les informaticiens ne méritent pas tant que ça une paie faramineuse. Enfin moi si, mais ce que je veux dire c’est que nous ne sommes en réalité pas si indispensables puisque l’informatique en temps normal, ça fonctionne très bien. En fait, tant qu’un humain n’y met pas les pattes, le seul risque c’est la panne matérielle.

Les principaux cas où l’informatique plante sont :

  • Une mise à jour (des logiciels ou des matériels)
  • Une fausse manip de quelqu’un sur un logiciel (j’ai rippé chef !)
  • Un bug parce que le logiciel a mal été testé (le contrôle qualité est très performant pour vous ennuyer, mais nettement moins fiable pour améliorer vos conditions de travail)
  • Une panne matérielle bloquante, mais dans les moyennes et grosses structures le système est fait pour ne pas crasher lorsqu’un seul matériel plante, les équipements sont doublés pour qu’en cas de panne de l’un d’entre eux, un autre prenne le relais immédiatement.
  • Lorsque les gens cherchent une bonne excuse pour justifier un retard qui ne passerait pas super bien auprès de leur interlocuteur qui vient leur demander des comptes.

On pourrait donc penser au vu de cette liste (qui n’est pas exhaustive, il y a probablement d’autres cas de plantage) que l’excuse n’intervient que dans 20% des cas. Je vous le dis avec tout mon professionnalisme et sans même invoquer ma mauvaise foi légendaire, c’est une erreur.

Parce qu’un bon informaticien est un informaticien feignant. Il va travailler plus pour en faire moins derrière et ne va donc pas risquer de foutre en l’air sa soirée ou son weekend avec une mise à jour hasardeuse ou un bug de dernière minute2. Et si le développeur est assez malin, il aura inclus des garde-fous pour éviter les fausses manips sur son logiciel3. Bref, les cas de plantage réels ne sont pas si fréquents4.

J’ai donc consulté l’IDMSP, un très sérieux organisme de conseil et de statistique pourtant très peu connu du grand public, qui m’a répondu qu’en réalité quand on annonce au client qu’il y a un problème informatique, c’est une fausse excuse à hauteur de 76%. C’est énorme. Cette étude réalisée à l’échelle internationale par l’Institut du Doigt Mouillé et de la Statistique Pifométrique aurait du secouer les fondations de la relation client et poser les nouvelles bases d’une économie fondée sur le respect d’autrui5.

Sauf que le COVID est passé par là. Et que je ne dirai pas la COVID, parce que c’est un sujet trop sérieux pour qu’on le conjugue au féminin et que la place des femmes sur ce blog est la plupart du temps anecdotique et cantonnée à de l’illustration en tenue légère6. D’ailleurs la preuve :

Ne cliquez pas sur ce lapin, il ne mange pas de carotte...
Le port du masque est obligatoire, même sur ce blog.

Mais revenons au COVID. Vous l’aurez vous-même constaté, les organismes auxquels vous avez affaire au quotidien se lâchent carrément ces temps-ci : pour expliquer leurs retards, leurs augmentations de tarifs et les possibles désagréments qu’ils nous font subir, ils mettent tout sur le dos du COVID.

Et vous avez remarqué ? Il y a beaucoup moins de pannes informatiques chez nos interlocuteurs qu’avant l’arrivée de ce virus. Je crois même que le COVID commence à être une excuse pour masquer des plantages informatiques, c’est dire le potentiel excusatoire de ce virus7.

Je pourrais donc vous faire une conclusion étoffée mais je peux pas, j’ai COVID.


  1. Ou de l’année, vu le rythme de publication sur ce blog. 

  2. Et c’est pourquoi il existe une règle d’or qui dit : « On ne touche pas à la prod le vendredi ». On y touche en semaine, on y touche le weekend si on a programmé une grosse intervention, mais pas le vendredi. Jamais. 

  3. Il y aurait gros à dire sur le fait que ce n’est pas tant le cas que ça, mais on n’est pas là pour pinailler. 

  4. Vous aurez noté que je suis parti du postulat que mes confrères étaient tous doués et compétents. Mais s’il y a bien une profession remplie de charlatans, c’est la mienne. Mais si on commence à vouloir inclure le taux de compétence des gens dans cette histoire, on va vite dépasser le taux d’incompréhension moyen de mes rares lecteurs, qui n’est pas beaucoup moins élevé que le mien. 

  5. On est bien d’accord que c’est un vœu pieux, les gens étant aussi pénibles en tant que clients qu’en tant que fournisseurs. 

  6. Et si on m’en fait le reproche, je répondrai avec véhémence qu’on ne peut plus rien dire maintenant, et qu’on est en train de construire une société de mimolettes, et que comme je suis grand, mâle et blanc, je suis une majorité opprimée qui n’a droit à rien. 

  7. Oui je sais, le COVID-19 c’est la maladie qui est déclenchée par le virus et non pas le virus en lui-même. Mais vu qu’aucun autre organisme ne déclenche cette maladie, je trouve idiot d’avoir séparé le virus de la maladie auprès du grand public. 

Je suis un fan de curling, vite je commente !


Peut-on avoir trop de décorations de Noël ?

Pondu le 12 décembre 2019 - 2 commentaires

Commençons par la réponse : Non, bien sûr.

Voilà, inutile de lire le reste, vous avez la réponse à cette question.

Albane prétend que je ne sais pas m’arrêter, et que me laisser seul dans un rayon décorations de Noël est complètement irresponsable. Alors que j’arrête quand je veux.

La preuve, en juillet je n’y pense absolument pas.

J’ai toujours été fasciné par les décorations dans les téléfilms de Noël depuis que je suis adolescent, puisque je ne me souviens pas avoir vu ce genre de programmes télévisuels avant. D’ailleurs dans ce genre de films, ils ont toujours de quoi décorer un grand magasin, mais c’est bien rangé dans leur grenier dans des cartons même pas poussiéreux et ça suffit à peine pour leur maison il est vrai souvent comparable à un petit manoir.

Jamais on ne les verra ranger ces décorations, ni essayer de démêler des guirlandes bien entortillées. Je suppose qu’ils sont l’équivalent des gens qui sont capables de décortiquer des crevettes avec un couteau et une fourchette1.

Si j’aime particulièrement Noël, c’est parce que je suis un garçon optimiste et pas méchant, ce qui me classe régulièrement dans la catégorie trop souvent moquée des Bisounours. Et cette période est la seule où être un Bisounours est socialement acceptable parce que l’esprit de Noël est avant tout un gros mélange de guimauve, de bons sentiments et de petites clochettes qui carillonnent. En plus c’est l’occasion de retrouver un peu de cette naïveté qu’on avait étant enfant, et qu’on ne peut plus se permettre de conserver une fois adulte.

À Noël, chacun a ses traditions. Nous par exemple, on aime regarder des téléfilms de Noël avec des crottes en chocolat plein la bouche, blottis sous des plaids (de Noël bien sûr) alors que le poêle tourne à plein rendement, avec en prime le chat qui prend toute la place sur le canapé et des boissons chaudes. C’est finalement assez classique.

Mais certains en ont d’autres : nombre de grincheux profitent ainsi des périodes de fêtes pour signaler bruyamment (y compris sur les réseaux sociaux) que les fêtes c’est nul et que l’Esprit de Noël c’est à gerber. Et ils vont le signaler ainsi chaque année à cette période, transformant ainsi une critique compréhensible en tradition annuelle liée à Noël.

Autre tradition personnelle : ma ceinture abdominale a tendance à prendre du volume durant cette période sans qu’aucune explication scientifique ne puisse expliquer ce mystère. Pas le moindre petit indice, rien. Incompréhensible.

Noël, c’est aussi une bonne occasion d’aller braver les premiers gros froids hivernaux pour se balader dans les marchés de Noël, boire des trucs étranges comme du vin chaud, manger des gâteaux épicés, passer deux heures dans le froid, ne rien acheter d’autre que des trucs à grignoter sur le moment et finalement faire ses achats sur Amazon comme tout le monde.

Et parlons un peu de la bouffe : on peut manger d’excellents plats, tout en gras et en sucre, boire du bon alcool (avec modération parce qu’on conduit), entamer des débats enflammés sans que ça mène au pugilat puisque le plat suivant arrive et que ça clôt de fait l’épineuse question de qui de l’hippopotame ou de l’éléphant est le plus balèze.

Sans parler des calendriers de l’Avent, qu’on peut décliner à toutes les sauces avec des jouets, des bières, des chocolats, des sex-toys

Bon c’est aussi une grosse fête commerciale, mais acheter des tonnes de cadeaux pour les offrir à ceux qu’on aime est quand même une belle façon d’assouvir ses pulsions de consommateur compulsif.

Ne cliquez pas sur cette image, vous ne pourrez rien mettre dans cette Mère Noël...
Il me fallait une séparation visuelle avant d’entamer ma conclusion, voici donc un joli intermède.

De toute façon vous pouvez toujours lutter, dire que Noël c’est qu’une fête commerciale et que tous ces bons sentiments sont aussi faux que la rumeur comme quoi je perds mes cheveux. Car il est une vérité irréfutable, en ces temps où on ne peut plus faire confiance à personne :

Noël est un virus.

Cette fête s’est incrustée dans le commerce, dans la religion, dans la télévision, dans la vie locale (quelle ville ne propose pas de marché de Noël aujourd’hui ?), dans la gastronomie, dans la longue liste des trucs qui énervent les gens blasés, dans les photos érotiques, dans Netflix, dans votre budget, partout ! Et elle revient chaque année avec plus de régularité qu’une épidémie de grippe ou de gastro. Même pendant la 1ère guerre mondiale, elle fut l’occasion de trêves entre soldats ennemis.

Et ce n’est pas Eva2 qui dira le contraire. Il y a 8 ans elle était comme vous, elle me regardait d’un air méprisant quand je commençais à m’enthousiasmer pour les fêtes à la fin du mois de novembre, elle ne décorait pas sa maison et elle ne faisait même pas de réveillon.

Cette année, elle a commencé à poser ses décorations de Noël AVANT le 1er décembre3


  1. Et je l’ai vu faire en vrai, c’est même à la portée de tout le monde à condition d’avoir un bon professeur et de faire des rappels de temps à autre. Je savais ainsi le faire, mais par manque de pratique, je n’y arrive plus. 

  2. Ma meilleure amie, incapable de se freiner sur les cadeaux de Noël justement parce que ça justifie ses pulsions d’achat. 

  3. Ce qui est carrément une hérésie. Les décorations de Noël ça se pose APRÈS le 1er décembre. On est pas des sauvages non plus. 

Je trouve qu'on ne parle pas assez de poneys ici, vite je commente !


La CacaBox, une box bien meilleure que les autres

Pondu le 11 mars 2015 - 0 commentaires

Il se trouve que dans mon entourage féminin, notamment celui qui se trouve la nuit dans le même lit que moi, c’est la mode des Box. GlossyBox, LittleBox, BirchBox (ce qui veut dire la Box du boulot – l’arbre, pas le travail), Big Moustache1, etc.

Le principe pour ceux qui ne connaissent pas, c’est qu’on s’inscrit, on paye, on remplit son profil (avec des infos qui seront probablement revendues à des sociétés tierces, histoire de rentabiliser un peu tout cet afflux de données), et on reçoit chaque mois une petite boîte dans laquelle se battent quelques produits qu’on pourrait aisément prendre pour des échantillons, qui ont été soit disant sélectionnés par rapport à votre profil.

L’étape suivante c’est de recevoir le colis, se dire que c’est trop cool, ouvrir la boîte et être déçu parce que c’est pas vraiment ce qu’on attendait, et qu’il y a la moitié des produits qui ne serviront jamais.

Si je me suis trompé dans la description, une bande de harpies extrémistes se chargera bien de rectifier le tir dans les commentaires.

Pour ma part, je trouve le principe génial commercialement parlant. Ce qui m’ennuie, c’est que du coup ma chère et tendre s’est laissé prendre au piège bêtement.

Afin d’ouvrir les yeux des gens qui jurent que c’est trop bien les box, j’ai donc créé la CacaBox, la Box qui vous vend des trucs tout pourris. et parce que je vais au bout des choses, j’ai même créé un petit site pour la présenter (et j’en suis très fier en plus) :

La CacaBox

La CacaBox, une box qui mériterait d'exister pour de vrai

La Cacabox dans toute sa splendeur. Merci Photoshop.


Oui, j’ai probablement mieux à faire de mon temps. Mais vous avez bien perdu le vôtre à lire ceci, alors vous êtes mal placé pour me faire la morale.


  1. Notez que pour la différence entre le français « Moustache » et l’anglais « Mustache », ils auraient pu tout angliciser, ou rester sur « Grosse Moustache ». 

Je suis un spammeur, vite je commente !


Etude pharmaceutique

Pondu le 27 septembre 2014 - 5 commentaires

Vous avez peut-être vu depuis quelques temps que le gouvernement ainsi que certaines chaînes de grande distribution aimeraient que les médicaments achetables sans ordonnance puissent être vendus dans des supermarchés.

Evidemment les pharmacies et les laboratoires pharmaceutiques sont tout à fait contre, vu que ça entraînerait très certainement une concurrence plus forte pour les pharmacies, et que la grande distribution tenterait forcément de négocier les prix d’achat aux labos bien en dessous de leur valeur actuelle.

On voit donc fleurir de part et d’autre des arguments parfois teintés de mauvaise foi :

Ne cliquez pas sur cet ersatz de médecin, elle a un faux diplôme.

Je n’avais pas d’image suffisamment intéressante de pharmaciennes, mais je présume que vous ne m’en voudrez pas trop.

Les labos et pharmacies clament haut et fort que les supermarchés ne fourniront pas de conseils et qu’il y a donc un risque pour les consommateurs qui pourraient prendre des médicaments inadéquats ou n’importe comment, vu que les gens sont un peu idiots. Ce à quoi les consommateurs et les supermarchés répliquent que de toute façon les pharmacies ne donnent jamais de conseils d’utilisation, et qu’elles vendent les médicaments comme s’il s’agissait de produits qui ont tout d’ordinaires, sauf le prix. Et ils ajoutent que les pharmacies et les labos sentent le caca de poney mais que c’est vrai que les gens sont idiots.

La grande distribution et le gouvernement vocifèrent que les prix se trouveraient grandement diminués grâce à la concurrence, ce qui permettrait aux consommateurs de pouvoir se soigner sans se ruiner, et que comme ça ils couineraient moins quand on augmente les impôts. Ce à quoi les pharmacies et labos répondent que si on prend l’exemple de l’Italie qui a déjà fait ce choix, les prix n’ont pas baissé tant que ça sur la durée. Et que par contre ça va créer du chômage parce que les pharmacies ne pourront pas rivaliser et devront fermer. Et aussi que la grande distribution et le gouvernement ont une odeur de fiente de pigeon, mais que c’est vrai que les gens couinent beaucoup.

Cet argumentaire a entraîné un effet collatéral qui serait amusant si nous, gens de base, n’en étions pas victimes : soucieuses de montrer qu’elles ne sont pas d’une grave mauvaise foi, les pharmacies demandent depuis quelques mois à leurs employés de conseiller lourdement la clientèle, y compris si celle-ci n’a rien demandé. Il existe une norme informelle pour évaluer le niveau de conseil à fournir à la clientèle :

  • Homme de base avec un papier sur lequel on peut voir une liste avec une écriture féminine : niveau modéré de conseil, asséné avec un débit maximal afin de bien faire comprendre au pauvre hère qu’il ne comprendra jamais rien au monde étrange de la médication.
  • Femme seule, sortant visiblement du travail et semblant stressée : niveau élevé de conseil orienté de façon à générer de la peur chez la cliente, ce qui l’amènera à acheter encore plus de trucs à base de plantes.
  • Petite vieille seule ou accompagnée de son mari tout aussi petit et vieux : niveau extrêmement élevé de conseil, délivré avec une puissance sonore importante vu le degré de surdité de la cliente. Laquelle le répétera à son mari qui est encore plus sourd au besoin.
  • Mère entourée d’une tripotée d’enfants au degré de braillardise variable mais néanmoins élevé : niveau de conseil minimum ou inexistant, la cliente étant de toute façon déjà en négatif sur son compte, et ses rejetons étant une source potentiellement non négligeable de dégâts matériels dans l’officine.
  • Personne désirant être conseillée : les pharmacies à l’instar de tous les commerces, obéissent aux lois de Murphy, qui veulent qu’un client aura un niveau de renseignement inversement proportionnel à ce qu’il désire. Niveau de conseil minimum donc.
  • Personne de base voulant acheter du doliprane : niveau de conseil minimum à modéré, mais temps d’attente de toute façon beaucoup trop long vu que toutes les catégories de personnes à niveau de conseil élevé seront présentes dans la file d’attente au moment d’entrer dans la pharmacie.

Le résultat, c’est qu’on passe donc trois fois plus de temps à attendre pour acheter du Doliprane parce que les employés et les pharmaciens mettent un point d’honneur à montrer qu’ils ont une super valeur ajoutée par rapport aux supermarchés Leclerc.

Je demande donc au gouvernement de trancher une fois pour toute ce débat dans un sens ou dans l’autre, qu’on puisse enfin retrouver un délai d’attente dans les pharmacies qui ne se compte pas en dizaines de minutes.


 

Note du panda attentif : Les tests ont été effectués en toute subjectivité dans trois officines situés dans des lieux et villes variées, et des achats avaient déjà été effectués dans deux des officines avant ce triste conflit pharmaceutique.

Je veux coucher avec Dric, vite je commente !


Suggestion de présentation

Pondu le 25 août 2014 - 5 commentaires

Il se trouve que j’ai toujours des cernes sous les yeux, ce qui ne manque pas de faire dire à ma m’man dès qu’elle me voit : « t’as l’air fatigué, t’es sûr que tu dors bien ? »1.

Il y a deux mois, à l’occasion d’un tour dans un des magasins de la chaîne de produits bien-être, maquillage et produits beauté bien connue Gilbert Caillou, nous sommes tombés sur un produit qui devait d’après le descriptif réduire mes cernes de façon visible, m’assurant ainsi succès, gloire et magnificence.

Ne cliquez pas sur cette image, la fille sexy est plus bas dans cette note.

Notez la mention « poches visiblement atténuées », nous en reparlerons plus tard.

Passons sur le fait que le produit était en promo permanente, mais que si comme nous l’avons fait on l’achète avec un bon de réduction celle-ci se fait sur le prix plein pot, ce qui donne un prix plus élevé avec un coupon de réduction qu’avec un achat normal (chose que nous avons réalisé bien après achat, évidemment…).

Passons aussi sur le fait que ce produit ne pénètre pas la peau et que les espèces de billes permettant le massage des cernes sont assez peu agréables à utiliser.

Il y a quelques jours, Albane m’a dit « Ça a l’air de marcher quand même ton truc anti-cernes, on les voit un peu moins depuis quelques semaines ! ».

Je fus obligé de lui avouer l’air un peu piteux que je n’en mettais plus depuis quelques semaines justement, ce qui veut dire soit que ce produit accentue les cernes, soit que le fait que je sois en vacances depuis deux semaines et que je dorme 9 heures par nuit réduit mes cernes, et dans ce cas j’entends déjà ma mère faire :

Ma mère, découvrant qu’elle avait raison et me le signifiant en mode « Je te l’avais bien dit ! »

Ce n’est pas le premier exemple de produit inefficace qui affirme pourtant que ce n’est pas le cas, même si aucun autre exemple ne me vient en tête. Je vous rappelle que je suis en vacances et que donc je ne vais pas me fouler pour chercher d’autres preuves à mes affirmations2. En général, ce sont des produits de beauté, des vins ou des poneys shetland. J’en déduis donc la chose suivante :

Lorsque le packaging d’un produit vante son efficacité ou sa qualité, celle-ci est inversement proportionnelle à ce que dit l’étiquette.

Ne cliquez pas sur cette image, elle ne vous aidera en rien à comprendre la théorie de la relativité.

Lecteur hétérosexuel mâle, qu’est-ce qui vous attire chez cette jeune femme : sa licence en physique ou ses formes ?

Je ne connais pas trop le monde des produits de beauté, mais je suppose qu’il doit y avoir un budget fixe pour le lancement d’un produit, qui est partagé ensuite entre la R&D (recherche et développement, qui détermine le contenu du produit) et le packaging commercial (qui détermine la forme du produit). Comme ce sont les commerciaux qui dirigent le tout, ils se servent en premier. Lorsque vient le moment de développer le produit, ils n’ont plus un rond et ils sont bien embêtés. Ils prennent donc la décision courageuse de passer outre la phase de R&D, de mettre dans le super packaging un mélange d’eau et de lubrifiant à préservatifs et d’apposer sur l’étiquette ce que le produit est censé faire.

Ces gens-là savent que l’esprit est supérieur à la matière (chose qu’on leur a inculqué avec un vocabulaire choisi : « Les gens sont des cons, ils sont prêts à croire n’importe quoi et ils vont marcher à fond. »), ils forcent ainsi l’auto-suggestion des acheteurs, ce qui permettra à l’action supposée de se produire effectivement. Du moins sur les gens pour lesquels l’esprit est effectivement supérieur à la matière (ce qui exclue notamment les participants aux émissions de télé-réalité et certains sportifs).

Vous allez me dire qu’un certain nombre de gens vont se rendre compte de la supercherie, et vous aurez parfaitement raison. Mais ce certain nombre de gens n’entrant pas dans la cible marketing du produit, ils représentent un faible pourcentage des acheteurs qui sera qualifié de négligeable par l’Association Française des Publicitaires Négligents, dont les membres négligent à peu près tout, à commencer par les risques liés à l’absorption de stupéfiants en quantité stupéfiante.

Note : En réalité, je suis de très mauvaise foi et le réducteur de poches fait parfaitement son office. Quand le packaging mentionne « Poches visiblement atténuées », il s’agit en réalité de celles qui contiennent mon argent. Cette honnêteté commerciale m’arrache presque une larme.


  1. A prononcer avec un air soupçonneux. 

  2. Vous pouvez toutefois apporter votre pierre à l’édifice dans les commentaires. 

Je suis un fan de curling, vite je commente !