La tyrannie des photos d’enfants

Pondu le 8 mars 2018 - 0 commentaires

Comme ça fait bien longtemps que je n’avais rien mis sur ce blog, il me fallait un sujet choc pour faire un retour en force : nous allons donc parler aujourd’hui du scandale international qui pousse les gens à vouloir qu’on mette la photo de ses enfants sur son bureau et sur son téléphone portable.

Lors d’un dîner récent, les collègues de Petite Paupiette1 (je l’appelle comme je veux, c’est mon blog), qui est entre autres la personne qui partage mon lit et la mère de mes enfants, m’ont fait remarquer que mon fond d’écran de portable constituait en une succession de jolies paires de fesses. Ce qui ne m’a pas vraiment surpris, puisque que comme c’est mon portable j’étais déjà vaguement au courant de ce que j’avais mis en fond d’écran.

Ne cliquez pas sur cette paire de fesses, ça déverrouillerait votre smartphone

Comme je me doute que vous vouliez un exemple…

 

Plus tard à son travail, les collègues de Petite Paupiette sont revenues vers elle en lui demandant si ça la dérangeait pas quand même (elle a dit non, c’est pour ça que je l’aime. Enfin pas que pour ça non plus) et pourquoi diantre n’avais-je pas comme tout papa qui se respecte la photo de mes sales gosses charmants bambins en fond d’écran ?

Ce qui m’a poussé à me demander : mais d’où vient cette obligation sociale de devoir s’auto-rappeler qu’on a des enfants en les affichant systématiquement sous notre nez, surtout dans les lieux où ils ne peuvent pas sévir ?

J’ai pour cela interrogé plusieurs personnes. Comme je ne suis pas journaliste, je n’ai ni anonymisé mes sources, ni vérifié mes infos. Vous êtes prévenus.

J’ai d’abord rencontré Martine, 55 ans environ, beaucoup trop maquillée et dont l’accoutrement était un poil trop aguicheur pour son âge.

Dric : Bonjour Martine, je constate que vous avez des photos de vos enfants sur votre téléphone, pourriez-vous m’en dire un peu plus sur ce qui vous pousse à les exposer en permanence à votre vue. Vous ne vivez que pour eux ?2

Martine : Pardon ? Non mais pas du tout voyons, ce n’est pas pour moi mais pour mes clients !

Dric : Vos clients ?

Martine : Oui, regardez cette petite blonde là avec ses boucles, elle est toute fraîche. Elle vous intéresse ? On a une tarification à la nuit et un programme de fidélité.

Dric : Vous n’auriez pas en un peu plus vieux ? Du genre majeures ? Parce que là ça m’intéresserait et… merde, j’ai laissé tourner l’enregistreur. Mais comment on coupe ce truc ? Krgzl…

Ce premier interlocuteur étant assez peu dans la norme, j’ai pu interpeller un papa nommé Boris qui allait sans aucun doute m’en apprendre un peu plus. Comme c’était à un meeting de l’Amicale Communiste des gens Contestataires, j’ai opté pour le tututement réglementaire.

Dric : Camarade Boris, dis-moi donc pourquoi tu affiches tes enfants sur ton téléphone, sur ton bureau, et même sur ton t-shirt avec cette mention « Meilleur papa du monde » ?

Camarade Boris : Je m’appelle Jean-Kevin, pas Boris. Et bien c’est pour euh… les avoir tout le temps près de moi et… je les aime de tout mon coeur, euh… ils sont toute ma vie !

Dric : Camarade Boris, tu me sembles bien mal à l’aise. Allons, détends-toi mon vieux, ils ne sont pas là, ta femme non plus. Respire un bon coup et dis-moi tout.

Camarade Boris : Raaah je craque, j’en peux plus. C’est ma femme, elle m’oblige, c’est insupportable ! Je n’ai aucun répit, ils sont partout. En plus ils sont infects, je n’arrive pas à les tenir, je vais fuguer en Sibérie ! Arrrrgh ! Ah, et je m’appelle Jean-Kevin au fait.

Dric : Dis donc, c’est qui la dame juste derrière toi avec les quatre enfants ? Elle a pas l’air contente dis donc. Ouch, vous avez une sacrée droite Madame, si je peux me permettre. Votre mari a perdu deux dents d’un coup.

Profitant d’un chant marxiste entamé spontanément par la foule, j’ai pu m’enfuir avant de subir le même sort que ce pauvre Boris.

Il ne m’a pas fallu bien longtemps en cherchant sur Internet pour tomber sur CandyBoy1972, avec qui j’ai pu échanger via messagerie instantanée sur le sujet.

Dric : Mais alors toi tu as tout le temps la photo de tes enfants sur toi ? Mais pourquoi ?

CandyMan1972 : Je les trouve si beaux, j’ai envie de leur faire des papouilles tout le temps.

Dric : Mais t’as pas envie d’être autre chose qu’un papa des fois ?

CandyMan1972 : Un papa ? Mais je ne suis pas p… Oh ! Euh… Si, je suis papa, j’aime les… MES, j’aime MES enfants !

FBI : Don’t move motherfucker, we know where you are hiding ! (Traduction : Ne bougez pas monsieur, nous sommes les Toum-Toum de New York, vous savez, ceux qui sont une unité spéciale pour les victimes et tout.)3

Dric : Monsieur FBI ? Mais c’est pas une conversation privée normalement ? Tu les connais CandyTruc ?

CandyMan1972 : Oh merde, ils m’ont repéré !

Erreur : Connexion perdue.

Dric : Hé, y a encore quelqu’un ? Ça marche ce truc ?

Heureusement que je m’étais connecté sur l’ordinateur du voisin, sinon j’aurai encore pris une amende d’Hadopi ou un truc du genre.

Bref. Après ces interviews édifiantes, voilà ma conclusion : Les gens qui se sentent le besoin de mettre en permanence la photos de leur progéniture sous leurs yeux sont soit dérangés du bulbe, soit louches, soit les deux.

Et en plus c’est dangereux : imaginez que vous soyez pris en otage par un psychopathe. Le gars vous pique votre portable, voit la photo de vos enfants et du coup veut les tuer. Bravo, vous les avez mis en danger par votre inconscience !

Alors que moi avec mes paires de fesses je ne mets personne en danger. Parce qu’il est assez rare de reconnaître quelqu’un juste d’après ses fesses, ça demande d’être sacrément physionomiste pour ça.

Autre exemple : vous êtes au bureau et tout à coup votre conjoint déboule avec les enfants qu’il (Le conjoint donc, qui peut tout à fait être une femme – mais comme conjoint est du genre neutre, et qu’en français le neutre est masculin, on dit « il ») devait garder mais à cause d’une fuite d’eau (la troisième ce mois-ci quand même) il a dû appeler le voisin super sexy pour qu’il vienne réparer d’urgence avec sa grosse clé, et donc il vous les refile malgré vos protestations.

Voilà le topo : vous êtes au boulot, vous avez donc du travail, et vous voilà avec deux à trois enfants dans les pattes. Comme tout être humain qui se respecte, vous allez finir par leur demander gentiment d’aller semer l’anarchie et la dévastation un peu plus loin, si possible hors de portée de la totalité de vos sens (ouïe, odorat, vue, toucher. Bon le goût je vois pas, mais ça peut éventuellement inclure votre 6è sens).

Dix minutes plus tard voilà que le directeur se pointe très rouge et très en colère (les deux étant liés à priori) en tenant vos marmots par la peau du cou. Et en exigeant très fort des explications sur pourquoi des enfants se retrouvent dans son entreprise, enfants qui au passage ont trouvé le moyen de dessiner sur des rapports super importants, qui ont également joué avec les ordinateurs en effaçant la totalité des fichiers de la boîte, et dont l’un d’entre eux a apparemment déféqué sur le siège en cuir très confortable du directeur.

Bien évidemment, vous tentez instantanément de passer pour une fougère mais votre plan échoue. Pourquoi ? Parce que vous avez beau être extrêmement convaincant en tant que fougère, vous avez quand même la photo de ces petites pestes qui trône en gros sur votre bureau.

Vous êtes virés. Votre conjoint finit par emménager chez le voisin sexy. Vous avez toujours vos enfants dans les pattes puisqu’ils habitent juste à côté. La seule bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a plus de fuite d’eau chez vous.

Alors j’entends déjà des langues de serpent dire que j’aime pas mes enfants (Petite Paupiette me le dit régulièrement. Bien sûr c’est de l’humour, haha. Ha-ha. Non non, ça ne m’affecte pas du tout, penses-tu.). Je me suis donc rendu à l’Association pour la Science et l’Enfonçage de Portes Ouvertes pour leur demander si l’amour porté à ses enfants augmentait à partir du moment où on les avait systématiquement sous les yeux ? Et vice-versa bien entendu.

On m’a répondu que oui, bien sûr. Qu’il fallait être un monstre sans cœur pour prétendre le contraire, et que la preuve c’est qu’Hitler lui-même n’avait pas de photo de ses enfants sur son smartphone et que c’est pour ça qu’il avait été aussi méchant avec les gens.

J’ai eu beau prétexter que je n’étais pas qu’un papa et qu’en tant qu’individu ayant une volonté propre j’avais droit parfois d’avoir d’autre préoccupations4 que mes enfants, et que ne pas avoir de photos d’eux ne faisait pas de moi un père moins aimant, j’ai été copieusement hué et on m’a prié de ne plus remettre les pieds dans cette noble institution. Du coup avant de sortir, j’ai lancé innocemment « Mais alors c’est l’éléphant ou l’hippopotame qui est le plus fort ? »

L’association s’est dissoute après une émeute interne et un bilan de 3 morts et 24 blessés, sans qu’une réponse satisfaisante à cette question ô combien épineuse n’ait été trouvée.

Sinon moi ça va. Petite Paupiette vient de me signaler qu’on a une fuite d’eau, mais que le voisin s’y connait un peu, qu’il est bien équipé et qu’il va réparer ça. Par contre elle dit qu’il va falloir que j’emmène les enfants ailleurs pendant la durée des réparations.

C’est ça être un papa exemplaire, c’est savoir s’occuper de ses enfants en cas de problème.


  1. Si votre femme/compagne/objet sexuel préféré vous lit, n’omettez jamais la majuscule. Jamais. Vous pouvez la traiter de n’importe quoi, mais mettez-y les formes. 

  2. Notez que j’ai un énorme parti-pris et que je n’hésite pas à biaiser mes interviews. 

  3. Oui je sais, les policiers de New York ne font pas partie du FBI, mais c’est moi qui raconte OK ? 

  4. PréoCCUpations, parce que j’ai des fesses en fond d’écran. Cul, fesses, vous avez saisi ce superbe calembour ? 

J'ai un furoncle au derrière, vite je commente !


Du papier bien mal rentabilisé

Pondu le 20 mai 2011 - 8 commentaires

Il est un sujet hautement écologique et qui nous touche tous et tous les jours dont je voudrais parler ici : la gestion du papier dans les lieux publics.

Dit comme ça, je vous accorde que c’est pas folichon comme sujet. Mais attendez un peu, ça va empirer après.

Quand je parle de papier, je veux en fait parler des serviettes et mouchoirs en papier et du papier toilettes. Car enfin, voilà là une source inépuisable d’incompréhension de la quasi majorité des gens. On pourrait même dire qu’il y a deux catégories de gens dans le monde : ceux qui conçoivent les serviettes et mouchoirs en papier ainsi que le papier toilettes à destination des lieux publics, tous les autres, et enfin ceux qui ne savent pas compter.

Commençons par le papier toilettes : mais pourquoi mettre toujours des rouleaux de papier super fins ? On peut voir à travers, et il est certain que ce papier va se déchirer entre nos doigts dès qu’on va s’en servir. Curieusement, il est cependant indéchirable quand vous voulez en prendre un morceau, et le pré-découpage est un piège à cons du même acabit que les ouvertures faciles.

Ma jolie, ce n'est pas avec ce PQ bas de gamme que tu vas essuyer ce foutoir !

Je présume que la finesse de ce papier est en grande partie due à de basses considérations économiques : moins d’épaisseur = moins de matière première = plus de profits1. Ça c’est la théorie. Parce que la pratique, la voilà : quand le papier semble trop fin, on en prend beaucoup plus pour le plier (ou le rouler, quand on fait partie de ces immondes rustres qui osent enrouler le PQ autour de leur main au lieu de le plier délicatement) et ainsi augmenter l’épaisseur. Pire : quand vous êtes dans des toilettes publiques, nids à bactéries par excellence et que vous devez vous asseoir sur la cuvette, vous allez mettre plein de papier dessus afin de faire un coussin pour votre popotin. Et comment estimez-vous que vous êtes suffisamment en sécurité pour ne pas chopper toutes les vilaines bestioles microscopiques ? Par la sensation de molletonné2 sous vos fesses, que vous allez donc atteindre en déroulant la moitié du rouleau tellement le papier est fin.

 

Gain final de l’opération « Moins d’épaisseur pour plus de pognon » : nul.

Continuons avec les serviettes en papier :  nous avons tous en tête la scandaleuse et inefficace serviette de fast-food, qui offre le tour de force de retenir absolument aucune particule graisseuse, alors que c’est justement ce dont on souhaiterait débarrasser ses doigts ou sa bouche3. En effet, cette étoffe végétale (faut bien trouver des synonymes et autres métaphores pour causer de ce fichu morceau de serviette en papier) n’accomplit résolument pas sa fonction, elle n’absorbe rien, elle est rêche au toucher et malgré ça elle semble tout de suite sale dès que vous y touchez.

Ce dernier point mérite qu’on s’y arrête, car l’explication de ce phénomène tient en fait à l’extraordinaire propriété anti-adhésion de la serviette. Le peu de gras que vous arriverez à déposer sur cette serviette ne s’y fixe pas, et il va donc repartir sur vos doigts/bouches au prochain passage. Tout ceci contribue donc au fait qu’encore une fois, l’utilisateur se verra contraint de remplacer la qualité par la quantité, en prenant une montagne de serviettes.

Alors autant je peux comprendre l’équation du PQ, même si j’ai brillamment démontré qu’elle est erronée. Mais là, qui a bien pu pondre un tel concentré d’ânerie ? Ils ne testent pas leurs produits avant de les mettre à disposition ? Verrai-je de mon vivant la fin des émissions de variété le vendredi soir, alors qu’un sondage récent a montré que c’est un des jours de la semaine où les gens voudraient le plus voir des films ?

Il se trouve que j’aurais encore plein de trucs à dire sur les fast-foods, notamment sur la différence entre les sandwichs Quick dans leurs pubs et dans la réalité, mais je m’éloignerai dramatiquement du sujet et je vous sais pointilleux sur la rigueur qu’il convient de donner au sujet traité dans cette note aujourd’hui.

En résumé, gain final de l’opération « Moins d’efficacité pour plus de blé » : nul.

Finissons enfin avec les kleenex qu’utilise par exemple la crèche de Mini-Dric. Ils sont tellement fins qu’on se retrouve vite avec les doigts dans le nez et des morceaux de kleenex éparpillés sur les doigts et dans les narines. Non pas que je n’aime pas avoir les doigts dans mon nez. Je n’ai pas honte de dire publiquement que je prends un certain plaisir à pratiquer l’exploration digitale4 dans mes conduits nasaux, mais quand j’ai recours au mouchoir en papier c’est bien parce que le contenu de mon nez est trop liquide pour être extrait avec les doigts. Et c’est en général le cas de tous les utilisateurs de mouchoirs en papier qui ont le nez qui coule. La solution : doubler ou tripler l’épaisseur en superposant plusieurs mouchoirs. Vous pourriez me dire que c’est pour pousser à la consommation, mais je vous rappelle que nous parlons ici de l’utilisation du mouchoir en papier dans un lieu public, et que la crèche de Mini-Moi n’a aucun intérêt à ce que nous vidions ses stocks de mouchoirs pour épancher les fuites nasales de nos charmants petits monstres.

Gain final de l’opération « Plus de finesse pour plus de pépètes » : nul.

Ce qui nous fait, si je compte encore juste à ce stade de réflexion :

bénéfices : 0 – emmerdements : 35

Je n’ai pas de conclusion à vous fournir pour tout ceci, à part que parfois, privilégier la qualité ne se révèle pas forcément plus coûteux au vu du propos exposé dans cette note. Ainsi, boycottons les knackies premier prix, car ils sont vraiment infâmes et en plus comme on les achète par paquets de 20, il faut tout manger si on ne veut pas gaspiller.


  1. Ce qui sous-entend que oui, on peut faire du profit avec du PQ. Mais la concurrence est acharnée dans le domaine, voir le célèbre ouvrage du Dr Henkel : La bataille du papier hygiénique dans la seconde partie du XXè siècle, aux éditions Flamby. 

  2. molletonné ou moltoné, puisqu’il semble que les deux orthographes soient usitées en matière de textile. Néanmoins, seule la première forme est officielle. 

  3. Je parle bien de graisse alimentaire puisque sinon les filles adorent se mettre du gloss, qui n’est autre que du gras en stick. 

  4. attention au faux ami importé des pays anglophones, heureusement en voie de disparition : dans les années 2000, « digital » était souvent employé pour « numérique », vu que c’est à peu près ce que veut dire ce mot en ricain. C’est une grossière erreur que nous avons heureusement pu éviter de transmettre aux jeunes kikoolol dernière génération qui n’ont de toute façon même plus le niveau linguistique suffisant pour écrire le mot « digital ». Ni le mot « numérique » d’ailleurs…  

  5. C’est d’ailleurs particulièrement vrai avec le PQ, et de façon littérale en plus. 

Je parle souvent pour ne rien dire, vite je commente !


Raphaël le superbe est dans la place

Pondu le 21 novembre 2009 - 29 commentaires

Albane est décidément très forte. Je ne parle pas au sens physique ni de sa silhouette, entendons-nous bien. Je veux juste dire que cette fille a des talents cachés, des super-pouvoirs qui viennent tout juste de m’être révélés.

Ce matin1 à 3 heures pile, Mademoiselle vient me déranger dans mon sommeil du juste pour une histoire de contractions intempestives et qui troublent son sommeil. Un bain plus tard pour calmer tout ça, les choses avaient bien progressé puisque les contractions s’espaçaient de 5 minutes à peine.

Branle-bas de combat, habillage tant bien que mal (allez donc habiller une femme enceinte de 9 mois qui doit s’arrêter toutes les 3-4 minutes pendant 30 secondes à cause des contractions, la pauvre…), prévenage2 de clinique, sautage dans la voiture et démarrage à allure normale toutefois, on n’est pas à l’abri d’un accident con et en plus ça ne sert à rien de conduire comme un cinglé étant donné que si on arrive trop tôt à la clinique ils vous foutent dehors en disant que vous n’êtes qu’un caca de panda et que vous reviendrez quand vous serez vraiment sur le point d’accoucher.

Arrivés à la clinique, on me fait patienter dans la salle d’attente pendant que Mademoiselle va en salle d’accouchement et qu’on mandate l’anesthésiste pour qu’il fasse sa piquouze magique (la péridurale. Pour avoir vu Albane souffrir avant de l’avoir, la refuser sous prétexte de mieux ressentir l’accouchement est une stupidité qui mérite amplement les souffrances qu’on reçoit en punition). Moi j’ai pu entendre le personnel soignant qui disait « oulah la p’tite dame elle est déjà dilatée à 6 !3 », et Albane a pu entendre l’anesthésiste dire « C’est le mari de la dame le monsieur qui dort dans la salle d’attente ?4

Je vous passe les détails sordides, d’autant que même moi j’en ai pas vu, mais à 7h35 est finalement arrivé le petit Raphaël, 3,920kg et 52cm de long. Une belle bête qu’Albane a fait naître en 4h35 donc, contractions comprises. Chapeau bas, surtout pour un premier enfant. Moi qui m’attendait à un marathon, j’ai été bien surpris. Celà dit Albane aussi.

Alors évidemment ce fut des montées de larmes, une immense fierté, des émotions à gogo et un moment intense à vivre. Visuellement on peut déjà dire qu’il hérite du pif d’Albane et de mes oreilles. Et qu’il a des pieds gigantesques et du poil dans le dos5 – qui devrait bientôt tomber m’a t-on signalé probablement dans le but de me rassurer. Comme tous les bébés à la naissance on ne peut pas dire qu’il soit super beau, mais c’est évidemment le plus beau des bébés.

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Raphaël a déjà le super-pouvoir de remplir ses couches plus vite que la lumière. Et le caca de nouveau-né ressemblant à du pétrole brut, je vous laisse imaginer le plaisir qu’on a à nettoyer ce carnage (car oui, j’ai déjà changé ma première couche – avec un peu d’aide d’Albane toutefois).

Sinon la Grippe A ayant frappé dans le coin, les visites sont malheureusement interdites. Ceux qui voudront voir le monstre en vrai devront attendre qu’il soit sorti avec sa maman de la maternité. Cependant vous serez bien aimable de téléphoner avant de passer afin d’éviter un afflux massif de gens. Peut-être l’ignoriez-vous, mais les deux parents de Raphaël ont pour trait commun de très moyennement apprécier qu’on piétine leur espace vital…

Edit du panda farceur de Slovénie : Sur une des photos on peut me voir au maximum de mes capacités. Je tiens à dire que si moi ça m’a complètement achevé, Albane a pété la forme pendant toute la journée.


  1. Le 21 novembre, je précise parce qu’après aujourd’hui cette phrase n’aura plus aucun sens. 

  2. Oui, aujourd’hui j’ai le droit de prendre quelques libertés avec ma langue maternelle, qui se trouve également être ma langue paternelle. 

  3. Pour info au-delà de 6-7 cm ils ne font plus de péridurale car c’est trop tard. Autant dire qu’on était border-line pour le coup. 

  4. Qu’il soit bien clair que je ne dormais absolument pas. Je méditais les yeux fermés, nuance. 

  5. Albane m’aurait trompé avec un yéti que ça ne m’étonnerai qu’à moitié. 

Je voudrais la paix sur le monde, vite je commente !


Je suis mort et je le sais même pas

Pondu le 13 janvier 2009 - 10 commentaires

Virus

Gravure du 2è siècle d'un virus probablement mortel

Quand j’étais petit, je n’étais pas grand. Enfin si, j’étais grand pour mon âge, mais je n’avais encore pas à me voûter pour arriver à manger proprement, à me plier en 12 pour tenir assis dans une Saxo ou à nettoyer toutes les toiles d’araignée avec mes cheveux dans les vieux greniers poussiéreux. Mais ce n’est pas le propos d’aujourd’hui. Quand j’étais petit donc, j’adorais regarder « Il était une fois la vie »1. Des petits bonhommes à l’intérieur du corps qui luttent contre les féroces microbes envahisseurs, c’est tout de même rudement bien pensé.

Environ 20 ans plus tard (on rajeûnit pas), voilà que je trouve depuis quelques temps que mon système immunitaire fait la feignasse. Non que je sois à l’article de la mort (désolé pour tous les vilains jaloux de ma prestance superbe), mais je cumule les petits tracas du genre rhume avec épenchement nasal improbablement élevé, indigestion sournoise et petites douleurs articulaires le matin2. Il y a bien évidemment des raisons scientifiques à ces maux que je vais vous exposer ci-dessous, impatients petits lecteurs.

Je suis allé voir le Professeur Albert Dupuit, éminent chercheur au Centre National des Fouilles Corporelles à But Médical. Lui et son équipe m’ont examiné sur et sous toutes les coutures, se sont réunis dans leur bureau de crise pour se raconter des blagues de Toto, puis sont revenus avec une explication qui augure l’avenir de la médecine, rien que ça.

Ce bon Pr Dupuit m’a emmené dans son bureau, et m’a dit à peu près ceci :

« – Jeune homme, pour commencer vous devez oublier tout ce que vous savez sur le corps humain. Ce sont des foutaises infondées que nous scientifiques racontons aux gens et aux enfants pour nous moquer d’eux.
–  Vraiment ? Répondis-je stupéfait. Même pour le coup du spermatozoïde qui féconde l’ovule et tout ?
– Celà va de soi ! Réfléchissez, ça ne vous semble pas grotesque d’envoyer autant de spermatozoïdes pour féconder un seul oeuf qui attend pépère dans son coin ? En réalité les spermatozoïdes ont évidemment des bras, et ce sont eux qui construisent pendant 9 mois le bébé, à partir de ce qu’ils trouvent sur place. Les matériaux sont fournis par le corps de la mère.
– Bon et pour mes soucis alors ?
– Eh bien il existe le viagra mon ami !3
– Non pas ceux là, je parle des microbes et virus que j’attire comme des mouches sur une bous… Hé ! Mais  je n’ai aucun problème de libido !
– Oh pardon, c’est tellement fréquent d’habitude. Enfin je reviens à mes moutons. Le corps fonctionne en fait comme un système bancaire mondial vous voyez ?
– Et là c’est la crise ?4
– Tout à fait. Il semblerait que votre système immunitaire soit au bord de la faillite, suite à l’éclatement de la bulle de spéculation intestinale5. Du coup on assiste à des licenciements de masse de globules blancs.
– Je ne comprends pas, pourtant j’ai pris du poids et la graisse se porte bien, surtout aux abdominaux !
– C’est une valeur refuge, comme l’or et les métaux précieux pour nous, on stocke en cas de coup dur. En tout cas vous êtes mal barré.
– Et personne dans mon organisme ne fait quoi que ce soit pour relancer la croissance ?
– Mon pauvre monsieur, votre consommation est au plus bas ! Vos muscles n’achètent plus d’énergie, votre cerveau a à peine les capacités nécessaires pour se rappeler de vous faire respirer, alors pour relancer votre économie corporelle, n’y comptez pas.
– Je suis foutu alors ?
– Hélas, j’ai fait mon maximum mon bon monsieur, mais je n’ai rien qui puisse vous sauver. Je peux cependant vous raconter une excellente blague de Toto que j’ai entendu tout à l’heure et…
– Ca ira merci.
 »

Nous sommes sortis de son bureau, ses collaborateurs étaient en train de faire un concours de bulles de chewing-gum. N’écoutant que mon courage, je lançai : « Hé, pourriez-vous me dire qui de l’éléphant ou du rhinocéros est le plus balèze ? »

Aux dernières nouvelles, même une intervention de l’armée n’a pas suffit à calmer les scientifiques qui continuent de s’étriper sur cette question capitale. Il paraît également que je ne suis toujours pas mort. Albane me renifle quand même tous les matins pour s’assurer que je ne sens pas trop le cadavre, mais vu mon haleine de poney elle pense que je suis de toute façon décédé il y a plus de trois ans.


Note : Un charlatan marabout du berry m’a signalé que toutes ces âneries n’arriveraient pas si je me remettais sérieusement au sport ou que je boive plus de trois litres de vin par jour.


  1. Et non pas « Plus belle la vie », la sitcom au scénario tellement extravagant que je pourrais passer mon temps à en ricaner. 

  2. Non je n’ai pas 80 ballets, mais j’imite super bien le petit vieux. 

  3. Je n’ai aucune idée de l’efficacité du Viagra, mais en tout cas je sais que l’exposition à Plus Belle la Vie provoque une chute de la libido. C’était le message subliminal du jour. 

  4. Je sais, je prends systématiquement la crise économique actuelle comme sujet pour mes notes. C’est comme critiquer à tout va Plus Belle la Vie, c’est un comique de répétition qui va finir par vous lasser. Par contre je trouve étrange que les scénaristes sous extasie de cette Sitcom invraisemblable n’aient pas pensé à se servir de la crise pour justifier des aventures rocambolesques et improbables. 

  5. Inutile de dire que j’en flatule encore. 

Je parle souvent pour ne rien dire, vite je commente !


La morve peut couler du nez plus vite que la moutarde peut y monter

Pondu le 14 octobre 2008 - 8 commentaires

L’automne est une très jolie saison avec des arbres colorés, une ambiance romantique1 qui marque le retour des microbes tueurs de la mort.

Nez de chameau

Le chameau dispose d'un nez hermétique

Tout à commencé par… euh… bah je sais pas trop. Comme mon appréhension de l’Univers est parfois tardive, il se peut qu’en fait cette sinistre histoire ait commencé il y a deux semaines. Mais pour ne pas t’égarer, petit lecteur courageux, on va dire que ça a commencé dimanche soir.

Tout est parti d’un vilain mal de gorge. Un peu comme si un micro-chat s’amusait à faire ses griffes dans mon oeusophage. Puis arriva en fanfare une cascade de morve. Tu te dis que j’exagère2, mais c’est vrai. Mon écoulement nasal a été tellement important qu’Albane m’a foutu à la porte en disant qu’elle préférait encore être célibataire que d’avoir à nettoyer un appart plein de morve. A la rue un dimanche soir, avec toujours un débit morveux surpassant celui de la Loire un jour de grande crue, j’ai donc tenté de rallier en voiture les urgences de Bourges. Je n’ai même pas réussi à faire démarrer la voiture car le temps que je m’asseois sur le siège conducteur et que je ferme ma porte, il y a avait une couche de morve épaisse de 75cm dans l’habitacle. Je n’ai eu que le temps de sortir en roulé-boulé afin d’éviter de finir noyé. Bien évidemment comme j’avais stationné devant la porte pour l’ouvrir (je n’ai pas la chance d’avoir une ouverture à distance), je me suis copieusement roulé dans ma production nasale qui en grande quantité présente l’étonnante propriété d’être nauséabonde. Les rares gens dans le centre de mon patelin ont donc vu une sorte de créature gélatineuse se déplacer dans la rue, en poussant des grognements.

Cebs gens-là sont rustiques, mais d’un grand sens pratique. Pressentant que ce qu’ils voyaient n’entrait pas dans ce qu’on peut appeler « les trucs normaux », ils sortirent les fourches et les tromblons pour me pourchasser. Fort heureusement pour moi, c’était juste l’heure de « Plus belle la vie » sans France 3. Une bonne moitié des bouseux locaux se dépêcha donc de rentrer chez elle, mais il restait les autres, des durs à cuire que même la mort de la mère de Bambi n’avait pas fait pleurer étant petits. Le genre de gars que la baisse du pouvoir d’achat et l’effondrement des bourses dans le monde laisse totalement froid. Il s’en fout, il vit déjà en parfaite autarcie3.

Ne pouvant fuire (essayez donc de courir dans de la gélatine), je me mis donc en position « dernier combat avant la fin du monde ». C’est à dire en boule, en pleurnichant et en me disant que j’avais oublié de spécifier que je ne voulais pas qu’Albane hérite de mon frigo parce qu’elle passait son temps à le remplir de fromage puant. Un gars à tiré, puis deux, puis tous les autres. Puis plus rien.

Et en fait j’étais même pas mort. Intrigué par ce mystère, j’ai rouvert les yeux pour me rendre compte que la morve était devenue tellement dense qu’elle avait arrêté les balles et les plombs, et même un pigeon qui s’était embourbé dedans. Effrayés, mes braves et rupestres assaillants s’enfuirent à toutes jambes (du moins pour ceux qui avaient encore toutes leurs jambes), me laissant seul dans ma coulée de morve.

A force de me traîner, j’ai réussi à atteindre la pharmacie le lendemain soir (il m’a fallu 24 heures pour faire 30 mètres, et ce sans ravitaillement). La pharmacienne a tout de suite compris mon problème et a tenté de me refermer la porte au nez pour que je ne puisse pas salir son officine4. Elle m’a quand même jeté une boîte de comprimés périmés contre le choléra, que j’ai mis 5 heures de plus à ramener jusqu’à moi. Après avoir avalé huit comprimés (et 15 litres de morve), l’écoulement nasal s’est brusquement arrêté.

Finalement Albane a bien voulu me reprendre (à condition que je chante les louanges de « Plus belle la vie » chaque soir, la main sur le coeur et l’air solennel), les habitants du patelin m’ont juré qu’ils n’avaient pas fait exprès de me tirer dessus et que les coups étaient partis tout seuls, et des pseudo-artistes ont récupéré la morve pour en faire des sculptures.

Note pour mon autorité maternelle : oui je me soigne, j’ai pris des cachets. Bisous.


  1. Oui, l’emploi de ce mot peut surprendre sur ce blog. J’espère que c’est bien comme ça qu’on l’utilise car je viens juste de le découvrir. 

  2. Je déteste qu’on me tutoie dans un jeu vidéo ou un blog. Ca ne m’empêche pas de le faire car je méprise mon lectorat. 

  3. Ou presque, il pourrait distiller lui-même son alcool mais il préfère quand même largement aller boire au troquet perpétuellement ouvert du coin. 

  4. Vous aurez noté l’emploi tout au long de cette note d’un vocabulaire riche bien que parfois désuet. C’est la petite touche qui fait classe. 

Je suis une blonde, vite je commente !