Du papier bien mal rentabilisé

Pondu le 20 mai 2011

Il est un sujet hautement écologique et qui nous touche tous et tous les jours dont je voudrais parler ici : la gestion du papier dans les lieux publics.

Dit comme ça, je vous accorde que c’est pas folichon comme sujet. Mais attendez un peu, ça va empirer après.

Quand je parle de papier, je veux en fait parler des serviettes et mouchoirs en papier et du papier toilettes. Car enfin, voilà là une source inépuisable d’incompréhension de la quasi majorité des gens. On pourrait même dire qu’il y a deux catégories de gens dans le monde : ceux qui conçoivent les serviettes et mouchoirs en papier ainsi que le papier toilettes à destination des lieux publics, tous les autres, et enfin ceux qui ne savent pas compter.

Commençons par le papier toilettes : mais pourquoi mettre toujours des rouleaux de papier super fins ? On peut voir à travers, et il est certain que ce papier va se déchirer entre nos doigts dès qu’on va s’en servir. Curieusement, il est cependant indéchirable quand vous voulez en prendre un morceau, et le pré-découpage est un piège à cons du même acabit que les ouvertures faciles.

Ma jolie, ce n'est pas avec ce PQ bas de gamme que tu vas essuyer ce foutoir !

Je présume que la finesse de ce papier est en grande partie due à de basses considérations économiques : moins d’épaisseur = moins de matière première = plus de profits1. Ça c’est la théorie. Parce que la pratique, la voilà : quand le papier semble trop fin, on en prend beaucoup plus pour le plier (ou le rouler, quand on fait partie de ces immondes rustres qui osent enrouler le PQ autour de leur main au lieu de le plier délicatement) et ainsi augmenter l’épaisseur. Pire : quand vous êtes dans des toilettes publiques, nids à bactéries par excellence et que vous devez vous asseoir sur la cuvette, vous allez mettre plein de papier dessus afin de faire un coussin pour votre popotin. Et comment estimez-vous que vous êtes suffisamment en sécurité pour ne pas chopper toutes les vilaines bestioles microscopiques ? Par la sensation de molletonné2 sous vos fesses, que vous allez donc atteindre en déroulant la moitié du rouleau tellement le papier est fin.

 

Gain final de l’opération « Moins d’épaisseur pour plus de pognon » : nul.

Continuons avec les serviettes en papier :  nous avons tous en tête la scandaleuse et inefficace serviette de fast-food, qui offre le tour de force de retenir absolument aucune particule graisseuse, alors que c’est justement ce dont on souhaiterait débarrasser ses doigts ou sa bouche3. En effet, cette étoffe végétale (faut bien trouver des synonymes et autres métaphores pour causer de ce fichu morceau de serviette en papier) n’accomplit résolument pas sa fonction, elle n’absorbe rien, elle est rêche au toucher et malgré ça elle semble tout de suite sale dès que vous y touchez.

Ce dernier point mérite qu’on s’y arrête, car l’explication de ce phénomène tient en fait à l’extraordinaire propriété anti-adhésion de la serviette. Le peu de gras que vous arriverez à déposer sur cette serviette ne s’y fixe pas, et il va donc repartir sur vos doigts/bouches au prochain passage. Tout ceci contribue donc au fait qu’encore une fois, l’utilisateur se verra contraint de remplacer la qualité par la quantité, en prenant une montagne de serviettes.

Alors autant je peux comprendre l’équation du PQ, même si j’ai brillamment démontré qu’elle est erronée. Mais là, qui a bien pu pondre un tel concentré d’ânerie ? Ils ne testent pas leurs produits avant de les mettre à disposition ? Verrai-je de mon vivant la fin des émissions de variété le vendredi soir, alors qu’un sondage récent a montré que c’est un des jours de la semaine où les gens voudraient le plus voir des films ?

Il se trouve que j’aurais encore plein de trucs à dire sur les fast-foods, notamment sur la différence entre les sandwichs Quick dans leurs pubs et dans la réalité, mais je m’éloignerai dramatiquement du sujet et je vous sais pointilleux sur la rigueur qu’il convient de donner au sujet traité dans cette note aujourd’hui.

En résumé, gain final de l’opération « Moins d’efficacité pour plus de blé » : nul.

Finissons enfin avec les kleenex qu’utilise par exemple la crèche de Mini-Dric. Ils sont tellement fins qu’on se retrouve vite avec les doigts dans le nez et des morceaux de kleenex éparpillés sur les doigts et dans les narines. Non pas que je n’aime pas avoir les doigts dans mon nez. Je n’ai pas honte de dire publiquement que je prends un certain plaisir à pratiquer l’exploration digitale4 dans mes conduits nasaux, mais quand j’ai recours au mouchoir en papier c’est bien parce que le contenu de mon nez est trop liquide pour être extrait avec les doigts. Et c’est en général le cas de tous les utilisateurs de mouchoirs en papier qui ont le nez qui coule. La solution : doubler ou tripler l’épaisseur en superposant plusieurs mouchoirs. Vous pourriez me dire que c’est pour pousser à la consommation, mais je vous rappelle que nous parlons ici de l’utilisation du mouchoir en papier dans un lieu public, et que la crèche de Mini-Moi n’a aucun intérêt à ce que nous vidions ses stocks de mouchoirs pour épancher les fuites nasales de nos charmants petits monstres.

Gain final de l’opération « Plus de finesse pour plus de pépètes » : nul.

Ce qui nous fait, si je compte encore juste à ce stade de réflexion :

bénéfices : 0 – emmerdements : 35

Je n’ai pas de conclusion à vous fournir pour tout ceci, à part que parfois, privilégier la qualité ne se révèle pas forcément plus coûteux au vu du propos exposé dans cette note. Ainsi, boycottons les knackies premier prix, car ils sont vraiment infâmes et en plus comme on les achète par paquets de 20, il faut tout manger si on ne veut pas gaspiller.


  1. Ce qui sous-entend que oui, on peut faire du profit avec du PQ. Mais la concurrence est acharnée dans le domaine, voir le célèbre ouvrage du Dr Henkel : La bataille du papier hygiénique dans la seconde partie du XXè siècle, aux éditions Flamby. 

  2. molletonné ou moltoné, puisqu’il semble que les deux orthographes soient usitées en matière de textile. Néanmoins, seule la première forme est officielle. 

  3. Je parle bien de graisse alimentaire puisque sinon les filles adorent se mettre du gloss, qui n’est autre que du gras en stick. 

  4. attention au faux ami importé des pays anglophones, heureusement en voie de disparition : dans les années 2000, « digital » était souvent employé pour « numérique », vu que c’est à peu près ce que veut dire ce mot en ricain. C’est une grossière erreur que nous avons heureusement pu éviter de transmettre aux jeunes kikoolol dernière génération qui n’ont de toute façon même plus le niveau linguistique suffisant pour écrire le mot « digital ». Ni le mot « numérique » d’ailleurs…  

  5. C’est d’ailleurs particulièrement vrai avec le PQ, et de façon littérale en plus. 


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Catégories : Croisade du désagréable

8 commentaires à “Du papier bien mal rentabilisé

  1. Ce Pauvre communiste frippé d'Eva postillonne

    J’adore! Tout ça me fait penser au PQ, aux serviettes et aux mouchoirs du boulot…
    Vive les économies!


  2. Ce Monstrueux bovidé étincelant de Jibé bafouille

    Tu aurais pu évoquer les rouleaux de PQ parallelipédiques (qui donc ne sont pas des rouleaux), qui se détachent par deux feuilles. Cette abomination ne se rencontre, d’après ma propre expérience, que chez les aïeux radins. Mais ça mériterait une note en soi.


  3. Cet Infect porridge cupide de Maître Mô bafouille

    Merci, Dric, d’avoir enfin dénoncé publiquement cette gabegie, que nous vivons tous tous les jours, voire plusieurs fois par jour si nous sommes très malades ou avons mangé la veille trop de knackies bas de gamme ; je tweete immédiatement ce pamphlet à Hulot et Joly -ne serait-ce que parce que le fond de la campagne présidentielle va à l’évidence générer l’usage de beaucoup de papier, de toute nature…


  4. Ce Suprême zombi moraliste de blog marketing grommelle

    tu me fais rire avec tes conneries ! :D j’aime bien ça car derrière il y une réflexion.

    Le PQ n’est rien d’autre qu’une invention a la con des occidentaux…il y plein de payx ou le PQ n’existe pas (sauf pour les touristes). A la place ils ont un récipient avec de l’eau pour se nettoyer directement les fesses avec du savon. Quand on y pense c’est bien plus hygiénique que nos conneries de PQ.
    Et nous avec notre PQ soit disant ecolo…pour etre ecolo suffit de ne pas utiliser de PQ !


  5. Maître des lieux Cet Infect porridge inoffensif de Dric postillonne

    @Jibé : On m’avait dit que ça existait, mais je croyais que c’était une légende urbaine.

    @Maître Mô : Oui mais s’ils impriment leurs idées sur du PQ, tout le monde va dire que c’est un programme de merde. Les gens sont d’un terre-à-terre parfois…

    @Mindeez : Plus hygiénique, j’ai quelques doutes quand même. Parce que du coup il faut bien à un moment mettre le savon en contact avec le derrière non torché, ce qui implique des matières fécales déposées au mieux sur les mains qu’on rince dans l’eau, au pire directement sur le savon. Donc oui c’est plus hygiénique, mais seulement pour le premier péquin qui utilise les toilettes.


  6. Ce Suspicieux gastéropode abruti de MQB éructe

    TRès jolie note!
    Le commentaire de Jibé est par ailleurs tout à fait excellent et véridique!

    Ce que j’aime pas c’est les endroits où y a pas de lavabo dans les toilettes avant de toucher les poignées de porte. En gros partout, même chez moi…
    En fait, y a qu’en allant ds les toilettes publiques des handicapés qu’on en trouve. Seulement eux n’ont pas forcément le loisir d’être hygiénique, donc c’est la merde…(sans mauvais jeu de mots)


  7. Ce Ridicule koala étincelant de Jasmin grommelle

    J’aime la fille du papier toilettes (comme tout le monde) :D et vos idées sur les kleenex


  8. Ce Dramatique furoncle étourdi de casino bave

    Lol j’adore aussi la fille de la photo. Il y a toujours des filles nues dans les pubs de shampooings, déo, et yahourts… j’espère qu’il y en aura aussi bientôt dans les pubs de PQ :D


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