Pas de trou dans mon trou perdu

Pondu le 19 avril 2011 - 2 commentaires

Attention : cette note est longue, et sachez que l’illustration plus bas ne résumera en rien le propos qui est développé ci-dessous. Je sais que mon lectorat clairsemé est plutôt réticent aux textes trop longs « pasque c’est chiant à lire », aussi voulais-je vous prévenir. Voilà qui est fait.

Les gens qui ont l’immense honneur et la fantastique patience de me connaître et me supporter savent qu’en ce moment nous essayons de faire construire une maison.

Diantre, me direz-vous. Que signifie ce « j’essaie » ? On a droit à plusieurs essais ? Si on y arrive pas le premier coup, on peut réessayer sans frais ?

Non, vous êtes vraiment des idiots, vous réponds-je1. Cette expression veut simplement dire que nous avons en face de nous un terrible adversaire que tout postulant à la construction de pavillon doit vaincre : le maître de chantier d’un constructeur de pavillon.

Évidemment dit comme ça, ça fait pas super peur. Appelons-le pour la suite des évènements : Le Terrible et Sournois Chef de Chantier de la Terreur. Cet être abject n’est pour autant pas tout seul : il est aidé dans notre cas par plusieurs lieutenants à qui on enfoncerait bien divers objets pour le moins volumineux dans plusieurs de leurs orifices2. Parmi eux se trouvent le Fourbe et Cruel Voisin Détestable, le Perfide Commercial Entourloupeur, l’Incompréhensible Entrepreneur Ursidé  et Mère Nature la Vilaine.

Les patronymes de ces individus étant assez parlants pour la majorité de mon lectorat, je préfère vous les mettre en situation que de passer de longues lignes à vous les décrire. Notez que pour raccourcir le récit d’environ 6 mois j’ai fait l’impasse sur le Cupide Banquier Avare.

Hors donc, notre histoire se passe en l’an de grâce 2010. Nous sommes au 1er jour du mois de décembre, il pleut, et alors que les ménages français préparent activement les fêtes de fin d’années Albane, Raphaël (un an tout frais au compteur)3 et moi-même allons enfin voir débuter le chantier de notre pavillon, sur un terrain situé pas très loin d’où nous louons actuellement.

Rendez-vous fut donc pris avec le Terrible et Sournois Chef de Chantier (TSCC) et l’Incompréhensible Entrepreneur Ursidé (IEU) sur notre terrain fraîchement défriché. Les deux compères n’en furent en réalité d’ailleurs pas puisqu’à peine arrivés l’IEU signala que quand même, ça allait pas être possible de faire passer des engins de chantier dans le minuscule chemin rural qui relie notre terrain au reste du Monde. Le TSCC paniqua un peu et entreprit de marchander avec l’IEU en se basant sur la position des étoiles et la possible victoire de son club de curling favori aux prochains championnats du monde. Par un tour de passe-passe qui m’échappe encore, la largeur anorexique du chemin ne fut tout à coup plus un obstacle. l’IEU ne voulant pas s’avouer si facilement vaincu répliqua perfidement que ledit chemin étant plus un marécage miniature qu’un chemin par la faute de Mère Nature la Vilaine, ses engins allaient s’embourber et que du coup ils ne pourraient pas passer. Le TSCC fut bien obligé d’en convenir, le bougre avait raison. Vous imaginez sans peine mon visage défait suite à la révélation de toutes ces horreurs que le Perfide Commercial Entourloupeur ainsi que le TSCC avaient bien évidemment qualifié de « peanuts »4 lorsque nous avions nous aussi émis des doutes quand à la faisabilité de faire emprunter un chemin vaguement caillouteux large de 4m à une bétonnière de 30 tonnes. Décision fut prise d’une part de stopper le délai du chantier (qui est d’un an pour réaliser notre maison à partir de l’ouverture de chantier) parce que « Vous comprenez, c’est pas de not’ faute si le chemin communal n’est pas praticable et on ne peut pas intervenir dessus », et d’autre part de prendre rendez-vous avec la mairie pour qu’il refassent le chemin dans les plus brefs délais.

Innocent que je suis, j’avisais également le Fourbe et Cruel Voisin Détestable (Voisin) de cette réunion vu qu’il est lui aussi concerné par cette partie du chemin, qui dessert nos deux terrains. Nous voici donc le 4 janvier 2011 à la Mairie, en présence de l’Adjoint au Maire chargé de l’Urbanisme (ci-après dénommé Urbain, qui est par ailleurs charmant, courtois et dévoué à ses administrés), de Voisin et de sa femme, du TSCC et de moi-même. Et là mes amis, j’assistais l’oeil rond et l’air ébahi à une charge de cavalerie sans sommation de Voisin contre Urbain, à qui il reprocha notamment de sciemment savoir que ce chemin était en piètre état et de n’avoir rien fait pour anticiper cette situation. Vous allez me dire : « Pourquoi diantre affubler ce pauvre hère d’un tel qualificatif de Fourbe et Cruel Détestable alors qu’il roule pour ta pomme ? », ce à quoi je vous réponds qu’outre ce tutoiement totalement déplacé, Voisin ne prêchait en réalité que pour sa paroisse : son message était « Vous n’auriez pas dû accorder ce permis de construire, ce qui nous aurait arrangé étant donné que nous ne voulions personne en face de chez nous5 » là où vous, Urbain et moi (avant que je me rende compte de la réalité des choses) avons tous compris : « ce jeune couple aurait mérité un peu plus de considération dans le traitement de son dossier et l’on eut pu en haut lieu anticiper leur besoin criant de consolidation de ce maudit chemin ». Heureusement pour nous, cette méprise quand aux véritables sentiments de Voisin à notre égard fit qu’au 15 mars, le chemin était refait.

Au moins avec ce chef de chantier, on sait à quoi s'attendre

Le 18 mars, me revoilà sur mon terrain en présence du TSCC, de l’IEU et d’un chien qui traînait dans le coin. Il faisait beau et il n’avait pas plu depuis une semaine. l’IEU, qui n’aura jamais moins mérité son qualificatif que ce jour-là même s’il le méritait quand même6 était même presque aimable, et tout le monde s’extasia sur la beauté de ce chemin refait à neuf. L’IEU fit soudain remarquer que par temps sec c’était quand même plus pratique de passer par l’autre côté du chemin, la partie qui n’avait pas été refaite et qui servait à l’agriculteur voisin pour accéder à son champ et qui déboule sur une petite route goudronnée. Cette même partie que le TSCC et l’IEU avaient écarté lors du premier rendez-vous pour un motif que je n’ai jamais très bien saisi. Ce qui me rassure, c’est qu’apparemment ce motif était tout aussi flou pour eux que pour moi, vu qu’ils ont changé d’avis avec un enthousiasme qui fit plaisir à voir. Nous tentâmes même d’aller voir au bout du chemin s’il était bien praticable, mais nous nous fîmes refouler par le chien qui montrait quelques signes d’agressivité dès que nous tentions de nous approcher de sa demeure, située au bout dudit chemin7.

Vous allez me dire : « Mais, mais… mais pourquoi ils t’ont fait refaire le chemin alors, vu qu’ils ne vont pas passer par là ? Du coup ils auraient pu commencer avant ?! ». Figurez-vous que j’ai eu la même interrogation, mais vu que je suis un Sage en devenir je me suis abstenu d’exprimer à haute voix ce doute afin d’éviter de passer aux yeux de mes interlocuteurs pour un crétin qui n’y connait rien.

l’IEU et le TSCC m’assurèrent que mon chantier était rouvert (et que repartait le délai de construction, youpi) et que celui-ci était prioritaire, d’autant que j’avais été super compréhensif et que je ne les avais pas engueulé alors qu’ils n’y étaient pour rien et que si tout le monde était comme moi leur travail serait bien plus cool. « On commence sous quinze jours, dès qu’il n’a pas plu pendant 3-4 jours on vient creuser ! ». Vous imaginez sans peine ma joie et mon visage radieux à l’énoncé de ces excellentes nouvelles qui marquaient la fin de mon calvaire pré-construction.

1 mois plus tard et après trois semaines sans pluie, il n’y a toujours pas eu un seul coup de pelleteuse sur notre terrain. :|

Suite : Albane étant plus douée que moi pour secouer les puces des gens, elle a rendu une visite de non-courtoisie au TSCC pour lui dire tout le bien qu’elle pensait de sa façon de gérer notre chantier. Celui-ci lui a assuré tout penaud que le chantier débuterait la semaine prochaine.


  1. Je n’ai pas réussi à trouver un calembour convenable mettant en scène Bob l’éponge ou même le hérisson de Spontex. Comme quoi le niveau de ce blog baisse drastiquement. 

  2. Je suis vulgaire mais pas grossier, vous en conviendrez. 

  3. Je vous précise tout de même que Raphaël se contrefout de cette histoire, c’est un effronté insouciant. 

  4. « Élément tout à fait négligeable » en Français. 

  5. C’est véridique, il me l’a dit. 

  6. J’ai bien conscience que niveau fluidité de lecture ce genre de phrase c’est pas top, mais c’est mon blog et vous n’avez qu’à aller essayer de déchiffrer un skyblog kikoo sms et vous conviendrez de concert avec moi que finalement, je suis assez lisible bien qu’un peu pédant dans mon style. 

  7. Alors que lorsqu’il se promenait sur mon terrain il était tout tranquille. Et je tiens à lui signaler que moi, je ne lui ai pas montré les dents en aboyant quand il a pénétré sur mon territoire. 

Je suis un spammeur, vite je commente !


Fils d'abruti

Pondu le 23 août 2010 - 11 commentaires

Il est communément admis qu’on ne doit pas dire de mal des bébés, sous prétexte qu’ils ne sont pas capables de se défendre avec des arguments cohérents puisqu’ils ne peuvent pas parler.

Mon propos de ce jour ne nuira donc pas à la réputation des bébés, mais il faut tout de même signaler que ces petits bestiaux ont des comportements qu’on trouverait pour le moins largement inacceptables de la part d’un adulte. Prenons comme exemple mon fils de 9 mois1. Superbement nommé Raphaël2, ce sac à viande de 76cm de longueur qui pèse 11kg se permet en effet de transgresser allègrement toutes les règles de bienséance en vigueur.

Salut les gens !

Premièrement, ce bébé est une usine à bave. Il peut baver plus qu’il n’ingère d’eau dans une journée. Avez-vous déjà vu un dîner d’ambassadeur sans Ferrero Rochers et avec des gens qui se permettent de baver partout sans respect ? Moi pas3. J’ai parfois l’impression d’avoir un élevage d’escargots chez moi.

Deuxièmement, il a le chic pour se mettre à faire des discours incompréhensibles mais bruyants au moment où l’intrigue peu palpitante de la série allemande de l’après-midi sur M64 s’emballe, à l’instar du cœur de l’héroïne qui vient d’apprendre que le beau mec qui vit miraculeusement dans la campagne pourrie où elle s’est réfugiée suite à l’abandon de sa vie citadine est non seulement disposé à l’aider à tenir la ferme dont elle vient d’hériter, mais qu’en plus il ne dirait pas non à un rendez-vous coquin derrière la grange. Alors que les deux protagonistes s’échangent des propos de plus en plus lourds de sous-entendus sexuels, mon Raphaël se met à gazouiller (brailler à tue-tête serait plus proche de la réalité) sans discontinuer, adressant probablement un discours poignant mais juste sur la nécessité pour le hochet Tigrou de faire la paix avec le piou-piou chantant, sans quoi ça va barder et il va en prendre un pour taper sur l’autre (ce qu’il finit d’ailleurs par faire).

De toute façon c’est un faux problème, étant donné qu’Albane attend toujours ce genre d’instant critique pour me parler et que donc je ne saurais jamais ce que Hans a dit à Greta, pas plus que ce qui s’est passé dans les deux scènes suivantes. Quand je reprendrais le fil du téléfilm, Hans sera en train de se battre avec l’ex-mari de Greta afin de lui montrer que c’est dorénavant lui le mâle de son ex, et que quand on est un gentilhomme on ne maltraite pas son ex-femme, même si celle-ci s’est barrée avec le compte en banque sans rien dire.

Troisièmement, ce gamin n’a que faire des fortunes englouties par l’entourage familial dans l’acquisition de jouets. Vous pouvez toujours lui offrir des jouets encensés par les pédiatres, qui font de la musique en trois langues ou qui rigolent quand on les secoue, ça ne sert à rien. Actuellement Môssieur Raphaël a comme favori une bouteille d’eau vide de 1,5L qu’il a réussi à attraper sur la table lors d’un repas en chaise haute (Tout jeune parent sait qu’il ne faut rien laisser traîner sur une table à moins de 50cm d’un bébé, sous peine de voir l’objet atterrir dans sa bouche).

Je pourrais discourir longtemps également sur l’étrange rituel du repas, dans lequel Raphaël se transforme en bébé à trois bras et quatre jambes tellement il gigote, ce qui rend le trajet petit-pot -> bouche assez hasardeux et digne d’une route commerciale en territoire barbare en 200 avant JC. Je plains la maman de Shiva5

Je profite de la fin de cette note pour vous signaler que tout de même, ce gamin est formidable. Figurez-vous que pendant les vacances il s’est réveillé le matin à 10h, permettant ainsi à ses heureux parents de ronfler sans honte alors qu’auparavant ils devaient se lever à 8h pour le bib du matin. Les lecteurs jeunes parents dont le bambin est un lève-tôt apprécieront à leur juste valeur, jaloux qu’ils sont.


  1. Pour ceux qui prendraient le train en retard il est né le 21/11/2009, parce qu’évidemment il n’aura pas neuf mois à vie. Ce serait idiot et contre-productif, vu que je me suis reproduit dans l’espoir qu’il reste quelqu’un pour payer ma retraite. 

  2. La honte me coule du front quand je me rends compte que je suis infoutu de taper correctement ce prénom sur un clavier, j’écris systématiquement Rapahël. 

  3. d’un autre côté je n’ai jamais été convié à un dîner d’ambassadeur, mais je suis membre du Fan-Club des Amateurs de Films Dans Lesquels On Peut Voir un Dîner d’Ambassadeur 

  4. Oui j’étais en congés les trois semaines précédent cette note, ce qui explique que j’ai eu connaissance de ce genre de fléau. 

  5. J’aurais pu en prendre une autre étant donné que les divinités indiennes ont fréquemment des membres supplémentaires mais Shiva est voué à la destruction, ce qui me semble tout à fait à propos. 

Je suis fan de chats, vite je commente !


La mouche, cet insecte pénible

Pondu le 29 juillet 2010 - 7 commentaires

Aujourd’hui nous allons nous intéresser à certains de nos amis les insectes. J’en avais déjà parlé dans cette fabuleuse note1, mais il se trouve que la mouche est un insecte qui mérite qu’on s’arrête sur son cas.

Ne montrez pas cette image aux moucherons de moins de 18 heures

Tous ceux qui ont suivi la filière scientifique au lycée ont suivi les péripéties reproductrices de la mouche pendant pratiquement un an. Cette bonne vieille drosophile, qui ne doit sa gloire qu’à sa formidable rapidité de reproduction (elle enterre facilement les lapins et les chinois sur ce terrain). Vous allez me dire que passer deux trimestres sur la reproduction de la mouche semble avoir un intérêt assez moyen, et que ça confirme que les scientifiques sont des glandeurs et des charlatans. Sauf que vous avez tort, puisque c’est en fait la transmission des gènes qui est étudiée et que c’est bien pratique de ne pas attendre des plombes pour savoir si le bidouillage d’un gène va rallonger une patte ou faire pousser des tentacules.

La mouche est aussi l’amie des Experts (oui, comme Grissom), des scénaristes de films fantastiques, et des fabricants de trucs anti-moustiques. A part ça, il faut bien reconnaître que globalement c’est super-pénible une mouche.

Ce n’est pas pour rien que chez les démons il y a un gars spécialisé dans la mouche. Ce type répondant au doux nom de Belzébuth n’est autre que le Seigneur des Mouches, Prince des Démons et Responsable des Latrines Infernales2. Autant dire qu’avec des titres aussi prestigieux, ce n’est pas un rigolo.

Ah si, il faut quand même souligner que la mouche est utilisée par les pêcheurs, sous sa forme asticotaire (oui c’est un mot qui n’existe pas). Ce qui fait qu’alors que l’humanité tente depuis le début d’éloigner les mouches de sa bouffe, les pêcheurs s’empressent de stocker leurs larves dans le frigo (ça leur évite de grandir et de prendre une forme mouchale) à côté des yaourts et du saucisson3.

La mouche a surtout un don peu commun dans le monde animal pour embêter son monde (encore que les chats, les enfants ou les moustiques sont assez balèzes de ce côté-là). A croire que malgré son air stupide, elle sait pertinemment comment vous pourrir la vie de façon inattendue même au péril de sa vie.

C’est ainsi que ce matin j’ai failli boire une mouche qui s’était noyée dans mon jus de fruit, alors que j’étais absorbé par la télé.


  1. Cette note est l’une des plus lues sur mon blog, ce qui montre que le phénomène qui y est expliqué est universel. 

  2. Ce dernier point est vigoureusement contesté par bon nombre de théologiens cependant, qui refusent d’admettre qu’un démon peut faire caca. 

  3. Qu’il soit bien clair que j’ai autre chose dans mon frigo que des yaourts et du saucisson, il se trouve que je m’alimente sainement ou presque. 

Je suis fan de chats, vite je commente !


Quelques utilisations du vuvuzela

Pondu le 23 juin 2010 - 8 commentaires

Grâce à la Coupe du Monde en Afrique du Sud, on a pu découvrir un instrument de musique fantastique : le Vuvuzela.

Les amateurs de football ont globalement trouvé que l’utilisation dans les stades de cet instrument à vent est assez pénible pour les oreilles. La Fédération Internationale de Football (FIA) a bien pensé à l’interdire, mais les Sud-Africains ont rétorqué que c’était une coutume locale. Interdire cet instrument aurait été un peu comme refuser à un Français le droit d’être de mauvaise foi. Ça ne se fait pas, un point c’est tout.

Non le vuvuzela ne sert pas à draguer.

Pour les rares personnes qui ne savent pas ce qu’est un vuvuzela, il s’agit d’une sorte de corne ou de trompe. En gros un tuyau dans lequel on souffle et qui sort une note monotone (au sens « une seule note »). Ne cherchez pas, ça ne fait rien d’autre. Vous ne deviendrez donc pas le prochain <insérer ici un nom de musicien super connu> car on ne peut tout simplement rien faire d’autre avec cet instrument qu’un seul son. Et encore, il faut souffler fort. J’ai personnellement testé la chose, et la seule réelle utilité que j’ai vu dans le vuvuzela c’est d’embêter les gens autour avec ce son puissant et désagréable. Mais pour vouloir être vraiment pénible il faut maîtriser l’engin, ce qui demande un peu d’entraînement. Tout est simple dans le vuvuzela, sauf son maniement.

Vous allez me dire qu’à part dans un stade, il n’y a pas trop d’intérêt à utiliser ce truc vu que ça n’impressionne pas les filles, ça ne rend pas riche et on ne peut pas trop cuisiner avec. Mais vous avez tort, car il y a plusieurs cas où cet instrument peut se révéler fort utile.

– Lors d’une manifestation : vous vous êtes laissé entraîné à manifester dans la rue pour, au hasard, une réforme des retraites dont vous savez qu’elle est nécessaire, inéluctable et que si on ne la fait pas maintenant, tous ceux qui ont moins de quarante ans ne partiront pas en retraite à 62 ans mais à 75. Mais le fait est que vous êtes là, dans le cortège, à vous dire que vous seriez mieux ailleurs. Soudain, un énergumène syndicaliste de la SNCF qui remonte le cortège se place derrière vous et se met à beugler des slogans communistes tout en agitant son tambourin. Autant dire que niveau nuisance sonore, il met la barre assez haut. Pas de panique, vous avez pensé à prendre votre vuvuzela. Le communiste bruyant n’est pas très observateur, sans quoi il aurait vite remarqué que vous vous trimballez avec cette trompe sud-africaine et qu’il valait mieux aller embêter le groupe de secrétaires un peu plus loin qui cancanent en se souciant fort peu des revendications sociales au cœur de cette manifestation. Tant pis pour lui, commencez à souffler et brisez-lui sans retenue les tympans.

– A l’Assemblée Nationale : je serai le premier à suivre les débats parlementaires si les députés pouvaient faire usage du vuvuzela pour manifester bruyamment leur opposition au type qui présente son projet de loi en vue de débloquer des fonds que l’Etat n’a pas pour un projet farfelu quelconque1. A l’heure actuelle ces mêmes députés sont contraints à faire de l’absentéisme, à lire le journal, à papoter ou à consulter leurs mails.

– Dans les toilettes : vous êtes sur un trône public et vous vous rendez compte que vous allez devoir être bruyant dans l’exercice de vos fonctions. Même si les progrès de la science et des comportements sociaux sont indéniables, il est toujours à l’heure actuelle délicat de flatuler sonorement, même dans un lieu prévu à cet effet. Pas de panique, sortez votre vuvuzela et masquez le bruit de vos vents avec celui qui sort de cet instrument si pratique2.

– Pour recycler un liquide : Le vuvuzela peut servir d’entonnoir géant, ce qui en fait un accessoire tout à fait indispensable pour les mécanos amateur de musique bruit. Attention cependant à bien le nettoyer si à la suite d’une vidange de voiture vous comptez re-souffler dedans.

– A la Poste : Vous attendez depuis un bon quart d’heure que le petit vieux devant vous ait fini de faire son dépôt d’argent, nous sommes en fin de journée, il fait trop chaud, vous avez envie de faire pipi et vous avez les pieds enflés dans vos chaussures. Le petit vieux devant vous vient de se souvenir qu’il voulait transférer de l’argent à son petit-fils. Et il se lance dans la justification de cette opération, ce qui est hautement inintéressant à vos yeux. Pas de panique : sortez votre vuvuzela et donnez un bon coup de corne. La situation devrait rapidement se débloquer, surtout si vous êtes plusieurs détenteurs de vuvuzela dans la file d’attente.

– Au Scrabble : je vous laisse imaginer le nombre de points qu’on peut faire avec un mot qui comporte deux ’v’ et un ’z’.

– Dans un repas de famille, dans un restaurant, dans un lieu public quelconque : un gros lourd à côté n’arrête pas de proférer des vulgarités qui tombent dans les innocentes oreilles de votre bambin. Préférant ignorer qu’il connait déjà en réalité la plupart des insultes proférées par ce gros type au rire aussi gras que sa ceinture abdominale, vous pouvez user de votre vuvuzela pour effectuer une censure en temps réel. Bien qu’un peu d’entraînement soir nécessaire pour être synchronisé avec des débordements de vocabulaire, vous arriverez vite à un résultat satisfaisant dans la mesure ou soit votre bambin deviendra sourd, soit le gros type finira par comprendre que ses blagues de cul vous importunent.

Il y a bien sûr des tas d’autres situations dans lesquelles l’usage d’un vuvuzela serait salvateur. Je vous invite à les ajouter en commentaires si vous en connaissez.

Note : on parle du vuvuzela parce que c’est l’instrument pénible du moment, mais il y en a plein d’autres. (Boulet a d’ailleurs fait une excellente planche de BD à ce sujet).


  1. Je pourrais mettre des exemples mais la liste serait tellement peu exhaustive que ça en serait ridicule. 

  2. Vous allez me dire que les gens ne seront pas dupes. Certes, mais la désagréable sonorité du vuvuzela suffira à les faire fuir, ce qui vous permettra d’être bien mieux à votre aise. 

Je suis un spammeur, vite je commente !


La comptabilité, un mot difficile à écrire

Pondu le 23 avril 2010 - 7 commentaires

Aaaah, la comptabilité. Rien qu’à écrire, c’est pénible. La comptabilité m’a toujours détesté, et je lui ai toujours bien rendu. A moins que ce soit l’inverse…

La compta à la maternelle

Pourtant lors de mes études j’ai eu affaire à cette matière. En BTS notamment1, et pendant les deux ans que dure la formation s’il vous plait. Bon je dois admettre que la prof n’avait probablement pas les capacités ni l’envie de nous faire aimer la compta, aussi ce sujet m’a-t-il toujours laissé aussi froid qu’un cadavre de souris rapporté par mes chats sur le devant de ma porte. Je présume qu’avoir le super-pouvoir de comprendre la compta doit rapporter plus que celui d’ouvrir des noix avec les fesses par exemple2.

Et pourtant il a bien fallu que je m’y replonge, puisque par un fabuleux concours et enchaînement de circonstances que j’ai renoncé à comprendre je me suis retrouvé trésorier-adjoint de la crèche de Mini-moi (alors qu’à la base j’étais juste là un peu par hasard). Soyons honnêtes c’est pas de la vraie compta, c’est un truc simplifié mais ça reste quand même des chiffres dans des tableaux.

Donc me voilà bombardé trésorier-adjoint, et nous devons reprendre la trésorerie de la crèche là où la personne d’avant là laissée. C’est à dire en bordel avec trois mois de retard. Et quand on doit se taper la trésorerie d’une structure qui emploie 6 ou 7 personnes, on a vite la goutte de sueur qui coule le long du front. J’ai pu découvrir que la compta dans des conditions de ce genre prenait une toute autre dimension comme si tout à coup un rideau se déchirait devant moi, que des petits chiffres tombaient du ciel en se moquant de moi et qu’un gros livre de comptes rouge proclamait : « Tu vas galérer, misérable cloporte ! ».

Que voulez-vous répondre à un gros livre rouge qui parle ?..

En fait on a un peu l’impression d’être un mélange de Grissom des Experts et d’Indiana Jones. Il faut enquêter, retrouver des factures planquées partout, vérifier les indices, suivre les pistes, faire de l’archéologie archiviste, il y a des rebondissements, de fausses pistes, des pièges, ça a l’air follement amusant. J’ai même pensé trouver dans cet amalgame de factures et de justificatifs la seule vraie énigme scientifique sur Terre : qui de l’éléphant ou du rhinocéros est le plus balèze ? Je n’ai rien trouvé dans les chiffres, et pourtant on sait tous que la numérologie est un sujet sérieux qui donne des réponses sérieuses (et approuvées par le Serious Cat).

Je voulais donc adresser solennellement mes plus sincères encouragements à tous ceux dont c’est le métier et qui sont mandatés pour contrôler, vérifier, éplucher des comptes. Sauf qu’il me semble que ces gens-là sont payés eux pour faire ça, et probablement assez cher. Je me contenterai donc de leur indiquer qu’ils font un métier qui sent le caca de panda.


  1. Le BTS c’est comme le lycée finalement, ils n’ont pas pu s’empêcher de coller des matières inutiles dedans. Et autant au lycée ça se justifie, autant après non. 

  2. Avant qu’on me demande une démonstration, je ne sais pas le faire. De plus Albane m’interdit de montrer mes fesses à n’importe qui. 

J'ai un furoncle au derrière, vite je commente !