La Terrible Bande des Jardiniers Cruels

Pondu le 13 novembre 2007

Les quelques bloggueurs qui viennent se perdre ici ne manqueront pas d’opiner du chef à la lecture de l’affirmation suivante : les blogs ça sert à évacuer la frustration.

Alors voilà mon terrible problème : les mecs du service jardin de l’hôpital sont des abrutis passablement dénués de bon sens. Il se trouve qu’à l’automne, les arbres perdent leurs feuilles. Rien d’extraordinaire à ça, c’est même assez bucolique. Les feuilles ainsi tombées doivent cependant être balayées, et c’est là que le service jardin entre en scène.

Ils disposent pour les aider dans cette tâche de gros souffleurs bruyants, ce qui permet d’amener les feuilles là où ils veulent sans avoir à balayer comme de vulgaires euh… balayeurs. La scène se passe sur le parking où je gare ma voiture, c’est un parking en terre ombragé et tranquille. Ceux qui ont déjà vus la Dricmobile le savent : la propreté de ma voiture n’est absolument pas une priorité pour moi. Néanmoins, je suis assez contrarié lorsqu’on me la salit intentionnellement, comme la semaine dernière où ces petits sacs à crotte ont trouvé le moyen de nettoyer les feuilles du parking alors que des voitures étaient garées dessus. Dont la mienne bien évidemment. Leurs souffleurs ont soulevé des montagnes de poussière qui sont venues s’abbattre sur la Dricmobile, la salissant de façon éhontée.

Bien sûr, les forbans n’avaient pas prévenus de leur méfait, et ils se sont bien gardé de le signaler ensuite. Le lendemain, alors que j’allais discuter pour passer le temps dépanner un ordinateur en panne, j’ai croisé les mecs du jardin. Et bien tu me crois, tu m’crois pas mais y en a un qui m’a fixé de ces petits yeux cruels. Et j’ai bien vu dans son regard qu’il me narguait. Il savait que je savais qu’il était coupable, et ce con me rigolait au nez.

Pour la suite de ce récit les gars du service jardin seront appelés la Terrible Bande des Jardiniers Cruels. Le jardinier avec les petits yeux cruels sera leur chef, nommé le Cruel Petit Jardinier.

Donc, le Petit Jardinier Cruel m’avait lancé un défi que je me devais de relever car il blessait farouchement mon ego démesuré. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il n’avat pas affaire à un type ordinaire. Il ignorait tout de mon identité secrète, un super-héros dont les louanges étaient chantées dans diverses tribus d’Amazonie et du Tibet, le Touriste1 !

Mais il était encore trop tôt pour le lui révéler. Je devais d’abord découvrir qui ils étaient, quels étaient leurs sombres buts, et d’où ils venaient. Pour trouver toutes ces réponses, il me fallait l’aide d’un oracle. Je ne sais pas si vous le savez mais il existe une association communale des oracles à St Doulchard, leurs tarifs sont très abordables et ils comptent relativement peu de charlatans dans leurs rangs. L’oracle que j’ai consulté m’en a appris de belles, notamment que ma voisine du bout de ma cour était en réalité une ancienne grande prêtresse du terrible dieu Guacamol. J’ai aussi appris que la Terrible Bande des Jardiniers Cruels étaient des Ouzbeks, outrés et vexés que j’ai fait une note sur leur minable petit pays2. Leur but n’était donc autre que de me discréditer vis-à-vis de mon ego afin de provoquer la fin du monde dans un gigantesque paradoxe, tout en révélant au monde entier qui de l’éléphant ou du rhinocéros est le plus fort.

Je devais réagir, ce que je fis en allant aux toilettes car les révélations de l’oracle prennent du temps et je me retenais depuis au moins trois heures3. Ensuite, je retournai à l’hôpital (qui est mon lieu de travail, je vous le rappelle) en tentant de rester impassible suite à ces terribles informations. J’avais cependant un grand avantage, c’est qu’ils ne savaient pas ce dont j’étais capable. Je devais donc frapper vite et avec une violence extrême. Ni une ni deux, je filai aux toilettes, non pour soulager ma vessie mais pour enfiler mon costume du Touriste.

Je bondis hors du bâtiment de l’informatique tel une puce hors d’un chien qu’on lave, et me campai fièrement au milieu de la cour. Enfin jusqu’à ce que je me rende compte qu’être torse nu dehors avec une température frôlant les 5°C est d’une stupidité absolue. C’est donc complètement gelé que j’entrai dans le repère secret de la Terrible Bande des Jardiniers Cruels, dont l’entrée était indiquée par un panneau : « Service Jardin, merci de ne pas laisser cette porte ouverte car il fait froid dehors. ». A l’intérieur toute la bande fit cercle autour de moi, me menaçant de divers objets allant de la fourche au sèche-cheveux, en passant par un fromage bulgare.

** Comité de censure pour une culture française exacerbée et snobinarde **

Bonjour. Cette note étant classée Tout public, sauf les aveugles et les enfants ne sachant pas lire, nous ne pouvons cautionner la débauche de violence extrême contenue dans le contenu censuré par nos soins. Merci de veiller à l’avenir à ce que vos notes soient plus édulcorées. Nous vous recommandons également d’éviter de mentionner vos problèmes de vessie qui reflètent votre vulgarité.

** Merci de votre attention **

Le Cruel Petit Jardinier, en sang, m’implora de l’achever sans lui faire subir les horribles tortures que j’avais exercé sur ses sbires. Bien évidemment, je ne l’écoutai pas et il mit longtemps à mourir.

La morale de cette histoire d’une stupidité sans borne, c’est : « Ne videz pas vos enfants avec l’eau du bain« .


  1. Voir la note sur les super-héros. Et ne comptez pas sur moi pour vous l’indiquer, démerdez-vous tout seul. 

  2. Alors là si vous avez bien compris, je suppose que vous ne vous attendez même pas à ce que je vous mette le lien ici. Et vous avez bien raison. 

  3. Une lectrice, membre du Mouvement pour une Vie Inutile mais Pieuse, m’a envoyé ceci il y a quelques jours : « Monsieur, je tiens à vous faire part de notre mécontentement. Vous faites preuve d’une remarquable vulgarité et je suis sûre que dans votre prochaine note vous allez en être réduit à nous parler de vos problèmes de vessie ! Je ne vous salue pas, et je vais même jusqu’à vous conchier copieusement. Avec tous mes respects, Georgette« . Ne voulant pas la décevoir, je me dois donc de mentionner dans ce récit épique mon passage au pipi-room. 


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